Pour beaucoup, la police joue un rôle majeur dans la flambée des banlieues par leurs agissements envers les jeunes. On peut mentionner l'un des éléments déclencheurs des émeutes de novembre dernier (si ce n'est le principal) : les jeunes de Clichy-sous-bois accusèrent effectivement les forces de l'ordre de mettre de l'huile sur le feu en les provoquant sciemment et même de leur tirer dessus sans raison avec des balles en caoutchouc. Mais d'autres tiennent à féliciter le travail des forces de l'ordre qui ont été pour eux exemplaires, à l'instar de Nicolas Sarkozy qui nia d'un revers de la main tous les abus d'autorité subis.
Ainsi se pose à nous la question de la place des affrontements entres ces groupes d'acteurs dans le déclenchement de toute « révolte des quartiers ». Pour saisir le sens des violences urbaines, il est nécessaire d'évaluer le rôle que jouent les confrontations jeunes des périphéries/ forces de l'ordre dans les émeutes. Comment alors ce contact singulier se produit généralement et est-il à la source des explosions de violence? Dans quel état d'esprit s'effectuent souvent les interpellations et contrôles d'identités, lors de ce conflit? Les CRS, gendarmes et policiers arrivent-ils vraiment à calmer la situation?
Ces multiples questions constitueront là notre problématique que l'on pourrait synthétiser de la sorte: comment la confrontation entre les jeunes de banlieues et les représentants de la force publique se produit et comment détermine-t-elle les « violences urbaines »? Nous espérons ainsi rendre compte de la configuration actuelle des rapports entre cette jeunesse cantonnée dans les « quartiers en difficulté » et les forces de l'ordre.
[...] J : Ils coursaient pas deux mecs ? Et les deux mecs, genre ils sont venus dans la mosquée après ? Et M : Ouais, ils ont tiré ! J : Ils ont tiré direct ! Ils ont ouvert la porte, et ils ont tiré. Ils poursuivaient des mecs ? J : Ouais mais, longtemps avant tu vois ! A : Généralement, tu tires pas direct dedans ! J : Bah ouais ! Et même, tu tires pas dans un lieu saint t'as vu ! [...]
[...] Les quartiers de tous les dangers, L'Harmattan, Paris ; Insécurité : nouveaux enjeux. L'expertise et les propositions policières, L'Harmattan, Paris - Sebastien Roché, La délinquance des jeunes. Les 13-19 ans racontent leurs délits, Editions du Seuil, Paris - Sylvain Brouard et Vincent Tiberj, Français comme les autres ? Enquête sur les citoyens d'origine maghrébine, africaine et turque, Presses de Sciences Po, Paris Guide d'entretien Les premières phrases après les salutations et autres formalités seront en résumé les suivantes : Je dois travailler pour mes études en sociologie sur la confrontation entre la police et les jeunes des banlieues et son importance dans le déclenchement des violences urbaines Pour ce faire, je dois questionner des jeunes de banlieues. [...]
[...] Le CPE, putain, on l'a éradiqué la loi, c'est pas rien quand même, on allait nous la mettre dans l'cul ! On a gagné parce qu'on était motivés, parce que dis toi que pendant deux piges, tu peux pas avoir un crédit, tu peux pas avoir une maison ni louer, tu peux rien faire ! Mais pourquoi le CNE il passe ? Parce que les vieux ils ne font que parler, c'est du blabla, les mecs. Arrête de parler et fais quelque chose ! Il y'aurait eu ces gens là avec nous ? [...]
[...] Jobard, Bavures policières ? La force publique et ses usages, Paris, Editions La Découverte L'accès des femmes à la violence légale, Paris, EHESS p Dominique Monjardet, Présentation du texte d'Egon Bittner Les Cahiers de la Sécurité Intérieure, p Egon Bittner, Florence Nightingale à la poursuite de Willie Sutton, regard théorique sur la police Déviance et Société vol p Cf. Everett Hughes, Licence et mandat Le regard sociologique, Paris, EHESS p. 99-106. Egon Bittner, Florence Nightingale à la poursuite de Willie Sutton, regard théorique sur la police op.cit. [...]
[...] A : Quand y'avait les émeutes ? Ouais, avec Bakari ! C'était à propos des doubles peines là A : Ouais, sanctionner les familles ouais. S : Alors que Tron (le député-maire de la commune), il a dit qu'ici y'avait une cinquantaine de familles concernées, aucun jeune d'ici n'était au commissariat A : Ouais ! Le maire, il disait ici là y'a (sifflement) aucun ici qui s'est fait serrer tu vois. Mmmmh. S : Et il dit qu'y'a une cinquantaine de familles concernées Il veut devenir ministre à ce qu'il paraît ! [...]
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