L'une des principales caractéristiques de la société moderne dans laquelle nous vivons est son obsession continuelle pour la jeunesse. Effectivement, conjointement à la société de consommation se développe l'idéal d'une société jeunissante.
Pourtant, cette jeunesse que tous cherchent à garder, à conserver, nous la laissons seule. Finit le temps des sociétés traditionnelles où le passage à l'âge adulte était encadré par des rites de passage, aujourd'hui, les jeunes sont laissés à eux-mêmes et doivent chercher seuls, parmi la multitude de modèles existant celui qui leur permettra de « renaître », de refaire corps, de devenir eux-mêmes, de vivre.
C'est en cela que la question de la jeunesse et des conduites à risque devient un problème de la sociologie de la vie quotidienne, car c'est en agissant chaque jour que l'on peut faciliter cette épreuve que doit traverser chaque individu à une époque de sa vie. Il faut donc remettre en question la vie quotidienne, tous les phénomènes qui la composent pour pouvoir être à même de comprendre les éléments qui nous entourent.
Dans l'objectif de confronter la jeunesse et ce qui est appelé ses « déviances » avec la vie quotidienne, nous allons tenter de voir comment et en quoi les conduites à risques chez les jeunes sont une forme d'expression et de lutte contre l'ennui de la vie quotidienne.
Pour cela nous allons dans un premier temps tenter d'illustrer notre problématique au travers un schéma représentant le quotidien oxymorique entre Apollon et Dionysos et dont la trame a été le fil conducteur de notre réflexion générale sur la vie quotidienne tout au long de la session. Ensuite nous nous appuierons sur les lectures effectuées afin d'enrichir notre travail sur les conduites à risques comme lutte contre l'ennui quotidien. Dans une troisième partie, nous illustrerons la théorie de Garfinkel avec notre problématique. Puis, nous verrons en quoi de telles conduites, en tant que recherche de limites, peuvent évoquer un retour aux rites de passages. Enfin, nous pensons qu'aborder une telle thématique ne peut se faire sans voir ce qui en est dit par David Le Breton, c'est pourquoi nous reprendrons quelques éléments de son immense travail sur l'adolescence à risque (...)
[...] De plus la mort est vue par les jeunes comme un refuge, une échappatoire, une rupture d'avec le poids de la quotidienneté. Ce besoin de rupture d'avec le quotidien marque bien l'expression d'une résistance, d'un refus d'une existence injonctive, normalisée dans laquelle le jeune erre, perdu, ne pouvant se construire. Le sacrifice lui est moins radical. Il n'est pas entièrement du côté dionysiaque dans la mesure où ce n'est pas son existence et sa personne entière qu'on remet en cause, mais on donne une partie de soi pour sauver le reste ; autrement dit on perd une part de soi pour sauver sa vie. [...]
[...] Les conduites à risques chez les jeunes sous le prisme de la théorie de Garfinkel . p Comment les jeunes sont des membres . p Les conduites à risques comme réflexivité expressive . p L ‘indexicalisation de ces jeunes . p Une recherche d'identité au travers de la descriptibilité . p.13 IV. Comment les conduites à risque prennent la forme et le sens de rites de passage . p.14 - Van Gennep - Denis Jeffrey V. [...]
[...] Les jeunes ont su se saisir de ces rites dans leur quête de rupture d'avec la quotidienneté et de leur recherche de sens, de renaissance. Ces rites, quels qu'ils soient, de la naissance au rite funéraire en passant par les conduites à risque adolescentes, s'effectuent en trois étapes : La séparation - stade pré-liminaire - marqué par la rupture avec les habitudes. Les jeunes vont sortir de leur routine, s'opposer à ce quotidien devenu trop difficile, s'échapper leurs souffrances existentielles de tous les jours. [...]
[...] Dans notre problématique, le stade liminaire est la conduite à risque en elle-même. Lors de sa prise de risque, le jeune quitte la réalité sociale apollinienne, quitte sa réalité personnelle et singulière, pour s'en remettre à un jugement supérieur. L'objectif étant de sortir de soi, de s'échapper de soi, pour trouver une meilleure version de son existence. Les jeunes se confrontent à la dimension de la mort, du jeu avec la mort, où la conscience de la mort est biaisée car vue comme une réalité ne pouvant pas les concerner. [...]
[...] En effet, comment se sentir plus vivant que lorsque l'on trompe la mort ? De plus, selon Térésa Shériff, ce qui pousse les jeunes à avoir des conduites à risque est de frôler la mort pour mieux renaître, de neutraliser l'idée mythique de la fin en jouant avec la mort comme aptitude à renaître. Par la consommation de substances, les pratiques extrêmes, le jeu avec les limites corporelles et institutionnelles les jeunes jouent homéopathiquement aves la mort, ils frôlent la mort pour mieux renaître. [...]
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