“Le monde phénoménal ne peut jamais être réduit à des forces extérieures” . Les conflits relatifs à la gestion d'une ressource ont souvent été analysés en termes de rapports de forces, de structures, de discours. Partant, la perception des acteurs principaux, soit les peuples indigènes, a souvent été négligée, et réduite à leurs actions. Les Tsimane', un peuple indigène vivant dans la forêt de l'Oriente Bolivien, ne font pas exception. Or la forêt, ou dara, est plus qu'une ressource, c'est un lieu à part entière, lieu en tant qu' « expérience d'une location particulière avec une certaine mesure d'attachement, un sens des limites et une connexion à la vie de tous les jours, même si son identité est construite, traversée par une notion de pouvoir et jamais fixe ».
Le but de ce papier est ainsi d'investiguer cette perception du lieu Tsimane', notamment sa construction, les relations de pouvoirs qui la traversent et sa redéfinition. Les tensions qui ont résulté des vagues progressives de missionnaires, du capital, de l'État et de la technoscience ont entrainé un processus de transfiguration ethnique, « procédé par lequel les populations indigènes qui confrontent la société nationale développent les bases nécessaires pour leur survie en tant que groupe ethnique à travers une série de changements dans leur substratum biologique, dans leur culture, et dans la forme des relations qu'ils maintiennent avec la société qui les entoure » . La redéfinition du lieu et de l'identité Tsimane' ont ainsi permi la survie des Tsimane' en tant que groupe ethnique différencié du reste de la société bolivienne.
[...] "Anthropological Aspects of Language: Animal Categories and Verbal Abuse." In William A. Lessa and Evon Z. Vogt, eds. Reader in Comparative Religion: An Anthropological Approach. 3rd Edition. New York : Harper & Row. Pp. [...]
[...] Le schéma suivant[26] souligne la conceptualisation de l'espace Tsimane' : Ensuite, durant sa quête, Dojity' longe la rivière Maniqui, et ces actions établissent des lieux mythiques. Ainsi, les Tsimane' mènent une fois par an un pèlerinage à Patsene, source de sel. Cette source attire les animaux du fait de leur besoin de minéraux, et est donc un territoire de chasse frugal : les caractéristiques biologiques et culturelles se rejoignent donc, caractéristiques biologiques encodées dans des mythes qui en retour donnent une signification au paysage. [...]
[...] 206-220 Metraux 1942 The native tribes of eastern Bolivia and western Matto Grosso, Washington : U.S. Govt. Print. Off. Rappaport, Roy "On Cognized Models". In Ecology, Meaning and Religion. Richmond : North Atlantic Books. [...]
[...] Néanmoins, en pratique, du fait du système de parenté dravidien et cognatique, les femmes ne peuvent se marier avec des non-Tsimane'. Cette hiérarchisation s'étend également aux autres peuples indigènes : les Tsimane' pensent qu'ils sont comme eux, conceptualisant également le monde selon l'opposition binaire au dessus-au dessous, et sont ainsi des gens d'à côté En théorie donc, des échanges inter ethniques maritaux peuvent avoir lieu, mais en pratique, encore une fois du au système de parenté cognatique et dravidien, ils sont très rares. [...]
[...] S'ils ne se mettent pas en colère, ils peuvent tout simplement suivre l'odeur pour remonter jusqu'à l'enfant, afin de prendre son âme. Enfin, l'odeur peut faire fuir les animaux. Les femmes qui ont les règles et les femmes enceintes sentent également l'odeur achijchi, et doivent donc s'abstenir d'aller dans la forêt. Parallèlement, la forêt est particulièrement dangereuse au coucher du soleil, moment de la journée où les esprits sont le plus actifs. Il convient de remarquer ici que la forêt, liminale par nature, est d'autant plus dangereuse pour un individu qui lui-même est dans un état liminal. [...]
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