Analyse critique du thème de recherche de Michel Bauwens : « Le Peer 2 Peer, nouvelle formation sociale, nouveau modèle civilisationnel »

Résumé du document

L'an 2000, tel qu'il était imaginé dès la fin du XIXe siècle, promettait voitures volantes, colonisation de l'espace et autres grandioses visions liées en grandes parties aux avancées technologiques . Loin de ces futurs qui n'ont pas eu lieu, l'an 2000 et son fameux « bug » ont cependant permis de réintroduire le développement technologique dans toutes les préoccupations sociales, religieuses, politiques, économiques, environnementales, etc. projetant l'Internet au-devant de la scène internationale. Moyen d'expression, il est aussi un puissant vecteur relationnel dont les conséquences sociétales sont encore loin d'avoir été pensées. Si ce « bug » n'a pas forcément désenchanté le mythe prométhéen, peut-être a-t-il au moins réaffirmé le vœu rabelaisien qui en appelait à une science avec conscience, ou tout du moins, rappelé à la conscience, le principe de précaution issue de l'utopie techniciste.

Extraits

[...] Trois étapes : Cumulation : production multidirectionnelle et pas nécessairement concertée. Il s'agit ici de se rapprocher du mieux possible de l'objectif fixé en amont (le problème, projet ) de la manière dont il convient aux participants. Sélection : Triage par validation commune. Cette étape est voulue comme anticrédentialiste c'est-à-dire qu'elle ne tient compte d'aucun crédit au sens de Latour et donc limitant la formation d'une élite cognitive. Elle est aussi Holoptique, c'est-à-dire que chacun peut voir le travail de tous et inversement. [...]

[...] D'autres projets ont depuis vu le jour comme la light-car ou encore la luciole projet japonais qui devrait aboutir en 2013. Par ailleurs, il montre que l'hybridation du principe de production ouvert et collaboratif a déjà eu lieu dans des domaines plus discrets, comme la gestion des vélos de villes en Allemagne couplant le physique (vélo), l'open-service (plan interactif) et le digital (puce RFID). Nous rajouterons ici que, sans aller jusqu'en Allemagne, se passe sous nos yeux à Rennes depuis l'année dernière le même phénomène. [...]

[...] Puisque tout est centralisé, le goulot d'étranglement produit par un trop grand nombre de connexions simultanées finit par rendre la communication inopérante. De même, si les connexions des terminaux sont supérieures à ce que peut supporter le serveur central, c'est le plantage Pour exemple, c'est ce que Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook a réussi à faire avec le serveur de son université. Il privait ainsi tous les étudiants de l'accès au serveur jusqu'à son rebootage Revers de la médaille, le jeudi 23 septembre 2010 dans la soirée, le site Facebook plante et c'est ici plus de 500 millions d'utilisateurs qui voient leurs données inaccessibles durant trois heures. [...]

[...] C'est une recherche de valorisation financière d'un nouveau type de capital, qui est en somme le cumul du capital économique, culturel, social et symbolique de tout acteur placé dans une activité productive (matérielle et immatérielle). Enfin, l'aspect légal ne doit pas être ignoré. La montée en force du management judiciaire et l'apparition de nouveaux entrepreneurs du droit entraînent une judiciarisation croissante de nos sociétés en accaparant des champs dans lesquels ils n'étaient originellement pas mobilisés. L'économie de l'immatériel en est un exemple flagrant. [...]

[...] Aujourd'hui, celui-ci (l'être humain) se définit par ce qu'il peut faire de lui-même et de ses deux milieux, naturel et social Georges Balandier : Civilisation et puissance Photo Obsession un film de Mark Romanek sorti en 2002 et joué par Robin Williams exprimait déjà très bien le fait que l'on ne prend pas de photo de soi en train de pleurer ou dans des situations déplaisantes. Par conséquent, on ne les diffuse pas non plus. Une hypothèse serait que ces images sont souvent emparées par les médias traditionnels en guise d'informations, elles font partie de la misère des autres et non la sienne. La référence au livre de Pierre Bourdieu montre bien la relative liberté des institutions médiatiques. Par ailleurs Pierre Carles dans son reportage pas vu pas pris illustre un phénomène d'autocensure. [...]