Les sondages d'opinion ont fait et font l'objet d'une critique dont la plus célèbre fut celle de Pierre Bourdieu, qui en contestait la validité scientifique. Cela a conduit à une étude importée des Etats- Unis sur les méthodes de recherche, dont les résultats ont permis de cesser de se heurter aux critiques bourdieusiennes, et d'intégrer dans la pratique même des sondages ce que ces dernières ont de fondé. L'une des techniques utilisées ici consiste à observer dans quelle proportion les réponses varient lorsque, d'un groupe à l'autre au sein de l'échantillon, on modifie l'intitulé de la question. Plus quotidiennement, l'exercice des chargés d'études et directeurs d'études consiste à chercher la formulation, optimale et unique, qui sera finalement adoptée pour la question d'opinion. Il est incontestablement souhaitable que les formulations de question répondent à un certain nombre de critères : une interrogation claire, équilibrée et univoque, un éventail de réponses qui permette à tous les interviewés de faire des choix qui leur correspondent, sans leur donner le sentiment qu'il y a de bonnes et de mauvaises réponses. Une bonne question d'opinion doit être neutre, exhaustive et compréhensive. Mais ces qualités réunies permettent-elles de considérer que l'on a trouvé la bonne question ? Les efforts des sondeurs aboutissent le plus souvent à proposer une rédaction considérée comme optimale, mais elle est souvent faite de compromis et de renoncements.
Qu'est-ce qu'une bonne question d'opinion ? Tout d'abord, une bonne question d'opinion est formulée en fonction d'une finalité bien définie. Ensuite, une bonne question d'opinion veille à ne pas imposer une problématique et doit favoriser l'expression personnelle. Enfin, une bonne question d'opinion ne doit pas contenir d'erreurs techniques.
[...] Deux grands modes de scrutin sont en présence : le scrutin majoritaire et le scrutin proportionnel. On sait que les préférences du public pour l'un ou l'autre enregistrent des variations en fonction du mode de scrutin en vigueur et des résultats que son utilisation produit dans le fonctionnement des institutions. On peut mettre en parallèle ces variations avec les arguments employés par les variations politiques pour recommander l'un ou l'autre de ces modes de scrutin. L'enquête d'opinion peut se donner deux objectifs : ou bien elle s'efforce de mesurer périodiquement si la majorité des Français penche pour le scrutin majoritaire et quelle est la proportion d'entre eux qui n'ont pas d'avis sur la question ; ou bien elle s'efforce de mesurer l'impact des différents arguments que l'on peut utiliser pour défendre chaque mode de scrutin. [...]
[...] Avec cette ouverture, les personnes sentent moins la pression de chercher la bonne solution. Cette possibilité accroît la probabilité de voir apparaître des réponses moins conformistes. Au même titre que la non-réponse, la technique de la double ou triple réponse devient un moyen, si elle est contrôlée, d'élargir le répertoire figuratif des personnes interrogées. Comme dans toute relation, dans la situation de passation du questionnaire, l'individu essaie de sauver la face, c'est-à- dire de revendiquer une valeur sociale positive à travers une ligne de conduite, souvent implicite, qu'il s'est fixé pour la durée du contact avec l'enquêteur. [...]
[...] Une bonne question d'opinion veille à ne pas imposer une problématique et doit favoriser l'expression personnelle. A. Règles pour ne pas imposer une problématique Les réponses dépendent en partie de la forme des questions. Aussi est-il possible de manipuler, plus ou moins consciemment, la formulation des questions-réponses pour pouvoir publier le bon chiffre. Le sondeur doit résoudre les problèmes posés par la rédaction des questionnaires. Les termes employés dans le libellé d'une question ne sont pas dépourvus d'influence sur les réponses enregistrées. [...]
[...] Vous, personnellement, approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette action ? indique qu'une majorité des Français critique les bombardements américains un sondage Faits et opinion, publié par L'Express, qui avait demandé : Approuvez-vous ou désapprouvez-vous l'action américaine contre Kadhafi ? donne une nette majorité en faveur des actions américaines Un sondage de l'IFOP pour le Point montre les Français partagés de moitié. Dans le cas du sondage Louis Harris, on ne parle pas de Kadhafi, dont la mauvaise réputation auprès du public français l'emporte largement sur la connaissance de la Libye. [...]
[...] Cette question, avec l'introduction du conditionnel, demande une vérité, non seulement personnelle, mais aussi susceptible de changer selon d'autres éléments. L'intérêt d'introduire la question par une brève proposition complémentaire Pensez-vous que apparaît dans un autre exemple de Jeannine Richard- Zappella. Entre deux sondages de la même année, la croyance avouée en Dieu baisse de 15% : cette différence s'explique par une variation de la formulation des questions. Le Croyez-vous en Dieu ? obtient 81% de oui et le Est-ce que vous croyez en Dieu ? [...]
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