Les catégories socio-professionnelles ou CSP renvoient à des réalités concrètes (modes de vie) et imaginaires (représentations collectives), qui varient en fonction des responsabilités, mais aussi des compétences techniques exercées. Elles permettent d'objectiver l'existence sociale de catégories d'individus ayant en commun des styles de consommation liés à l'exercice d'une même profession.
Cependant la catégorie de "cadre" paraît plus floue. La question qui se pose est alors celle des limites de l'espace socioprofessionnel des cadres. L'attribution du "label cadre" (Serge Bosc) serait une affaire de conventions sociales et de positionnement des catégories les unes par rapport aux autres : ni artisans, ni employés, les cadres forment bien une catégorie à part.
[...] Il souligne le renforcement des frontières entre managers et cadres qui met en péril le groupe tel qu'il existe aujourd'hui. En effet, le mot cadre n'a pas d'équivalence dans les autres langues et cette exception française pourrait ne pas résister à la réorganisation de l'espace professionnel tel qu'il a lieu dans nos sociétés contemporaines (notamment avec les fusions d'entreprises internationales qui conduisent à réévaluer le statut de chacun des salariés). Il semble toutefois difficile de remettre en question la catégorie tant qu'elle paraîtra incontestable aux acteurs et que ceux-ci continueront à s'y identifier, même si c'est pour des raisons diverses. [...]
[...] Il se détache ainsi de l'étude des contraintes pesant sur les acteurs pour s'orienter vers celle des éléments communicationnels et relationnels entre les individus. Cette approche se retrouve dans les méthodes et les conclusions de son enquête sur les cadres. Depuis la création en 1944 de la Confédération Générale des Cadres, le groupe a subi des évolutions. Si pendant les Trente Glorieuses il incarne la modernité, aujourd'hui le gonflement accéléré des effectifs entraîne une différenciation accrue. Ce groupe n'est pas homogène. [...]
[...] La question qui se pose est alors celle des limites de l'espace socioprofessionnel des cadres. L'attribution du label cadre (Serge Bosc) serait une affaire de conventions sociales et de positionnement des catégories les unes par rapport aux autres : ni artisans ni employés, les cadres forment bien une catégorie à part. Un des ouvrages majeurs concernant la réflexion sur ce groupe est celui de L. Boltanski, Les cadres, la formation d'un groupe socioprofessionnel, paru en 1982. Le parti pris par l'auteur est le suivant : le regroupement des cadres est celui de la formation d'un groupe qui, malgré son hétérogénéité interne, s'affirme à travers de multiples médiations politiques, culturelles et institutionnelles. [...]
[...] Un même terme désignant des individus aux professions variées, chacun y trouve son compte. Cela conduit à un effet de surenchère, chaque acteur étant d'autant plus encouragé à s'affirmer en tant que cadre que les autres font de même. Les petits peuvent s'identifier à leurs supérieurs et ces derniers jouer de cette désignation pour manifester un pouvoir symbolique, un privilège (ils incarnent l'idéal de ce groupe). Ces attitudes permettent d'entretenir la croyance dans le groupe. Pourquoi cette catégorie si hétérogène ne se défait-elle pas ? [...]
[...] Les moyens de penser des acteurs sont donc le produit du groupe auquel ils appartiennent. Boltanski s'interroge alors sur ce qui fait la cohésion de cet ensemble. Les représentations dominantes ne suffisent pas à expliquer le maintien de la catégorie. En effet, les individus qui la forment ont des intérêts opposés. Le fait qu'il n'y ait pas d'équivalence entre le niveau de diplôme et le poste occupé conforte celui qu'il n'y ait pas de scission entre les différents niveaux de cadres. [...]
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