La notion de stigmate vient du terme grec « stigma » qui signifie « marque physique ». Il s'agit à cette époque de marques corporelles destinées à exposer les méfaits ou les crimes des individus. Il s'agissait de marquer au fer rouge les esclaves, les criminels ou les traîtres. Ainsi, les personnes peuvent les éviter dans les lieux publics.
Par la suite, c'est la religion chrétienne qui a mis en avant des significations supplémentaires à ce terme. Il s'agissait des blessures infligées au Christ lors de sa crucifixion.
D'après les textes suivants :
Irving Goffmann, Stigmates, Les usages sociaux des handicaps, Ed. de Minuit, 1963
Philippe Vienne, Comprendre les violences à l'école, Pratiques pédagogiques, Edition de Boeck, 2008
[...] En effet, la stigmatisation fait souvent appel aux différents stéréotypes et aux préjugés véhiculés dans la société. Ces éléments entraînent parfois des visions erronées sur la situation et l'identité sociale des personnes stigmatisées. Ex. : (Les personnes qui s'approchant d'un aveugle vont associer son trouble à d'autres handicaps et qui vont s'adresser à eux en criant comme s'ils étaient sourds. ( Les personnes qui vont associer l'homosexualité au SIDA et avoir une attitude d'évitement auprès de ces personnes Selon Goffmann le stigmatisé va devoir s'articuler autour de deux formes d'identité sociale : * L'identité sociale virtuelle, qui correspond à une caractérisation en puissance c'est l'ensemble des caractéristiques attendu de la personne en fonction de son statut social. [...]
[...] Il existe en fait plusieurs étapes possibles à cet apprentissage : (Le stigmatisé appréhende le point de vue des normaux en même temps qu'il apprend à gérer son désavantage (la personne atteinte d'un handicap congénital) (Le stigmatisé n'apprend que tardivement le point de vue des normaux à cause de la surprotection de sa famille vis-à-vis de son environnement. Il n'aura conscience de son stigmate qu'ultérieurement. (Les enfants ayant une déficience intellectuelle que les parents ne scolarisent pas et préfèrent garder au domicile familial) (Le stigmatisé n'est atteint par un stigmate que tardivement, il a auparavant intériorisé le point de vue des normaux, il est ainsi nécessaire à l'individu d'entrer dans une phase de réédification. Il sera nécessaire qu'il intériorise les nouvelles caractéristiques de son identité sociale. [...]
[...] La situation de la personne stigmatisée peut renvoyer à certains sentiments de honte. Aussi, Pierre Mannoni, en parlant de personnes en difficultés sociales, pense ainsi que La honte nécessite de la part du sujet, la conscience de sa position socialement basse, de la dévaluation que cela représente aux yeux du public, de la conservation conjointe du sens des valeurs sociales, ainsi que de la lutte entreprise pour se masquer et masquer aux autres ce que l'on éprouve comme une déchéance. [...]
[...] Il existe plusieurs typologies de stratégies à mettre en place pour les individus : - Cacher l'existence du stigmate de manière consciente ou inconsciente - Faire passer le stigmate pour un stigmate moins grave (exemple d'un séropositif qui souhaite s'éloigner du VIH en mettant en avant le fait de prendre la trithérapie) - Il peut se trouver des complices dans son entourage à qui il confiera son stigmate afin de bénéficier de leur appui dans l'information du stigmate. (Un homme qui a des problèmes auditifs reçoit le soutien de sa femme afin de dissimuler sa surdité lors de conversation en donnant des informations discrètes sur les propos relatés). - Dévoiler volontairement le stigmate, parfois sous forme de provocation avec pour soucis de maitriser l'information. (faire son coming-out) - Il peut également choisir de se garder à distance ou refuser toute interaction sociale. Irving Goffmann, op.cit. [...]
[...] Il est également intéressant de se demander dans quel type d'interactions le stigmate peut remettre en cause la relation. Ainsi lors d'une prise de contact téléphonique, la couleur de peau ne troublera pas l'interaction, alors qu'un problème de bégaiement peut avoir des incidences négatives. Ces stigmates peuvent également être invisibles (avoir fait de la prison, avoir eu des problèmes d'addictions, être chômeur l'individu est discréditable Irving Goffmann, Stigmates, Les usages sociaux des handicaps, Ed. de Minuit Le problème est alors de réussir à contrôler les informations relatives à son stigmate. [...]
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