Norbert Elias (1897-1990) est de la génération de Raymond Aron en France ou de Talcott Parsons aux Etats-Unis. Aujourd'hui en vogue en France et à l'étranger, cette renommée posthume est paradoxale au regard de l'indifférence dont ses travaux ont fait l'objet tout au long de sa vie. Norbert Elias se plaisait lui-même à se dépeindre comme un outsider.
Elias est l'auteur de deux grands ouvrages : La société de cour (tiré de sa thèse) et Le procès de civilisation (ouvrage de 1939 subdivisé en deux volumes : La civilisation des mœurs et La dynamique de l'Occident). Ces ouvrages sont redécouverts à l'occasion de leur réédition en Allemagne en 1969. En France, Raymond Aron, grand lecteur d'Elias, joue un rôle prescripteur de premier plan. En France, Elias est longtemps lu comme un historien. C'est d'ailleurs Roger Chartrier de l'Ecole des Annales qui préface la plupart de ses ouvrages. Or, Elias (qui publie également Qu'est-ce que la sociologie ?) s'est lui-même considéré comme sociologue.
Au-delà de ces grands ouvrages, les développements suivants se base sur l'ensemble de l'œuvre d'Elias. Ils conduisent à retracer les grandes lignes de sa pensée. Celle-ci est ensuite remise en perspective au regard de l'histoire de la pensée sociologique.
[...] Trois concepts clés : civilisation, distinction, rationalisation Civilisation La civilisation est un processus de polissage des conduites Dans ses travaux, Elias retrace l'évolution des mœurs en faisant une excursion dans la société de cours française. La vie de cours sous Louis XIV apparaît ainsi comme un observatoire de ce polissage à travers l'étude des manières de table, de se moucher, de cracher etc. Elias se base sur l'examen d'un manuel de civilité. C'est donc une analyse secondaire et on reprochera à Elias de ne pas avoir analysé plus scrupuleusement la provenance de ses sources. Il ressort de cette étude que la société de cour est un foyer où la civilisation prend corps. [...]
[...] Par ailleurs, Elias rompt avec la vision tronquée et naïve de l'individualisme contemporain qui se répand. Une société plus individualise n'est pas forcément une société plus démocratique, plus libérale ou l'homme est plus libre de vivre sa propre vie. L'individualisme engendre en effet d'autres régulations sociales moins visibles. L'individualisme va avec la normalisation des consciences, le conformisme. Bibliographie ELIAS Norbert, La civilisation des mœurs. Paris : Le Livre de poche p. La dynamique de l'Occident. Paris : Calmann-Lévy p. Engagement et distanciation : contributions à la sociologie de la connaissance. [...]
[...] La sociologie de Norbert Elias Norbert Elias (1897-1990) est de la génération de Raymond Aron en France ou de Talcott Parsons aux Etats-Unis. Aujourd'hui en vogue en France et à l'étranger, cette renommée posthume est paradoxale au regard de l'indifférence dont ses travaux ont fait l'objet tout au long de sa vie. Norbert Elias se plaisait lui-même à se dépeindre comme un outsider. Elias est l'auteur de deux grands ouvrages : La société de cour (tiré de sa thèse) et Le procès de civilisation (ouvrage de 1939 subdivisé en deux volumes : La civilisation des mœurs et La dynamique de l'Occident). [...]
[...] C'est une stratégie développée par les aristocrates pour occuper une position à la cour et contenir la montée en puissance de la bourgeoisie[3].Elias montre alors que l'explication par les progrès de l'hygiène est une reconstruction a posteriori, une justification plus tardive qui émergera au dix-neuvième siècle comme légitimation par la science d'un mouvement qui obéit en fait à un jeu de pouvoir entre groupes sociaux. Rationalisation Elias est pénétré de la sociologie allemande classique. On pourrait alors opérer un rapprochement entre ce qu'Elias appelle le processus de civilisation et ce que Weber appelle la rationalisation du monde Le rapprochement peut s'opérer à deux niveaux : - la civilisation est un autocontrôle stable qui devient comme une seconde nature pour l'individu - l'importance des anticipations d'autrui On retrouve ici les traits de constance et régularité que Weber associe au mouvement de rationalisation. [...]
[...] Paris : Fayard p. Qu'est-ce que la sociologie ? Paris : Editions de l'Aube p. La société de cour. Paris : Calmann-Lévy p. La société des individus. Paris : Fayard p. La solitude des mourants. Paris : Bourgois p. DUNNING Eric, Sport et civilisation : la violence maîtrisée. Paris : Fayard p. [...]
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