S'il n'y a pas de contact avec d'autres cultures, la question de l'identité ne se pose pas : « le problème de l'identité en général ne surgit que là où apparaît la différence. On n'a besoin de s'affirmer soi-même que face à l'autre et cette affirmation de l'identité est d'abord une auto-défense, car la différence apparaît toujours comme une menace ». On note en effet
que la conscience identitaire n'apparaît que lorsque la cohésion du groupe est menacée. La saint Patrick apparaît au XVIIIe siècle comme une réponse à
l'oppression anglaise, et aujourd'hui, elle est encore fêtée par tous les Irlandais du monde,
avec une ferveur qui n'a rien de feint.
I- Diaspora irlandaise et mondialisation : vers une culture transnationale
II- Entre identité et interculturalité : la construction identitaire irlandaise
III- La reproduction du folklore dans un contexte nouveau
[...] Il s'agit de recréer le local, un espace symbolique auquel se référer et rattacher son identité. En outre, cette réactualisation d'un folklore donné dans un contexte qui n'est pas celui d'origine, est parfois nécessaire à son maintien. Effectivement, cette diffusion au niveau global des traditions est une condition indispensable à la reproduction de certaines cultures, et illustre la dynamique sociale qui se trouve être à la base de ces actualisations permanentes, pouvant même aller jusqu'à la réinvention de la tradition. [...]
[...] Il m'a même été donné de rencontrer un jeune Irlandais (décrit par un de ses amis vivant en France comme un stéréotype d'Irlandais), de passage en France pour quelques jours, qui préférait fêter la saint Patrick à l'étranger plutôt qu'en Irlande, afin de retrouver une certaine authenticité de la fête qui, selon lui, n'existe plus en Irlande, la saint Patrick étant devenue un évènement assez surfait. Il m'a affirmé lui aussi se sentir plus irlandais dans ces circonstances. En effet, pour la saint Patrick, les Irlandais clament haut et fort que c'est leur fête, qu'elle leur appartient. [...]
[...] A l'intérieur, la fête bat son plein. La soirée débute par un quizz, jeu de questions, et continue par une animation musicale. Adrian, le patron du Johnny Walsh's porte un costume de leprechaun et entame une série de chansons irlandaises, plus ou moins traditionnelles qu'il poursuivra jusqu'à tard dans la nuit. Si certains tentent d'esquisser quelques pas de danse, peu y parviennent finalement, il y a trop de monde. Dehors, on ne s'amuse pas moins. D'abord, on boit, parfois en grandes quantités, et surtout de la bière. [...]
[...] Pourtant, le succès de fêtes telles que Halloween (reproduction de Samain, fête d'ouverture de saison dans la tradition celte) ou bien entendu la saint Patrick, est particulièrement représentatif de cette volonté d'attachement au pays d'origine, au homeland2. Toutefois, ce dernier point ne relève, ici, que de la retranscription de sources d'ordre bibliographiques ou parfois d'explications qui m'ont été apportées lors d'entretiens avec des Irlandais vivant en France. Ce qui n'est d'ailleurs pas exempt de toute subjectivité, puisque bien sur chacun a sa propre opinion sur les descendants d'Irlandais vivant aux Etats-Unis. Souvent d'ailleurs, les natifs Irlandais que j'ai rencontré ne les considèrent pas comme Irlandais, mais bien comme américains. [...]
[...] Dans ces conditions, la saint Patrick s'impose comme une manifestation privilégiée de l'interculturalité. La médiatisation de la culture irlandaise Certaines personnes avouent sans mal avoir été particulièrement influencés par les médias, en ce qui concerne leur intérêt pour fête de saint Patrick,. En effet, de plus en plus, la fête est particulièrement médiatisée, ce qui accroît encore la dimension spectaculaire que nous avons précédemment évoquée. Ceci est d'autant plus visible que les médias audiovisuels se font le relais des fêtes-spectacles : on peut suivre à la télévision les concerts donnés pour la saint Patrick, ainsi que les cortèges et nombreux défilés, en Irlande et dans de nombreux autres pays. [...]
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