En 1995, Jacques Chirac, candidat aux élections présidentielles, axe sa campagne sur le thème de la « fracture sociale » (d'après une formule inventée par le démographe Emmanuel Todd), qu'il engage de réduire s'il est élu. Cette idée de « fracture sociale », qui serait le résultat du chômage de masse et de la précarisation de l'emploi, remet en cause les études sociologiques qui affirment que la France connaît une « moyennisation », c'est-à-dire le processus selon lequel la société est constituée en grande majorité d'une vaste classe moyenne se caractérisant par un niveau et un mode de vie semblables (...)
[...] La société française connaît un processus de moyennisation qui s'est appuyé sur un enrichissement dont une grande majorité de la population a bénéficié. Cette évolution a eu des conséquences sociales et politiques qui, renforcées par l'individualisme, ont atténué les clivages entre les groupes sociaux. Cependant, la situation économique contemporaine est différente et semblerait nous éloigner de cette moyennisation. L'exclusion sociale et l'aggravation des inégalités aboutissent à une polarisation de la société. L'avenir est-il à la reconstitution d'une société de classes mobilisées à l'heure où pourtant l'individualisme est souvent qualifié d'exacerbé ? [...]
[...] Pourquoi peut-on aujourd'hui douter de la moyennisation ? Depuis le années 1980, de nombreux observateurs font le constat d'une dégradation du niveau de vie des individus les moins qualifiés (les employés par exemple), qui sont plus touchés par le chômage, la précarité, l'augmentation du nombre de contrats de travail atypiques (CDD, intérim, stages) et un accès au logement plus difficile. De plus, de nombreuses études affirment l'apparition d'un type de pauvreté. Il touche notamment les familles monoparentales, les jeunes, les salariés qui exercent un temps partiel subis (par exemple dans la grande distribution). [...]
[...] Les Trente glorieuses ont de plus entraîné une tertiairisation de l'économie permettant une amélioration des conditions de travail et du niveau de vie. On remarque que depuis 1975 le nombre d'ouvriers et d'agriculteurs ne cesse de baisser tandis que les employés, les professions intermédiaires, les cadres et professions intellectuelles supérieures augmentent numériquement. Il n'est pas possible de dissocier moyennisation et instauration de la société de consommation, qui naît suite à la mise en place en 1947 du plan Marshall, où les Etats-Unis exportent un mode de consommation dit de masse, se caractérisant notamment par l'équipement de biens durables, comme la télévision ou le réfrigérateur. [...]
[...] En quoi a consisté le processus de moyennisation ? L'expansion économique qu'à connue la France de la fin de la Seconde guerre mondiale jusqu'au premier choc pétrolier de 1973 a conduit à l'émergence d'une vaste classe moyenne qui jouit d'une position sociale sécurisée. En effet la montée du salariat, le plein-emploi, la mise en place d'assurances sociales et l'impôt progressif ont permis la baisse des inégalités sociale. Ainsi en 2004 la quasi-totalité des ménages possèdent un réfrigérateur ou un lave-linge, quelle que soit la PCS à laquelle ils appartiennent. [...]
[...] Sujet : Le processus de moyennisation de notre société est-il aujourd'hui en panne ? En 1995, Jacques Chirac, candidat aux élections présidentielles, axe sa campagne sur le thème de la fracture sociale (d'après une formule inventée par le démographe Emmanuel Todd), qu'il engage de réduire s'il est élu. Cette idée de fracture sociale qui serait le résultat du chômage de masse et de la précarisation de l'emploi, remet en cause les études sociologiques qui affirment que la France connaît une moyennisation c'est-à-dire le processus selon lequel la société est constituée en grande majorité d'une vaste classe moyenne se caractérisant par un niveau et un mode de vies semblables. [...]
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