Une enquête du premier trimestre 2002 montre clairement une corrélation entre les taux de suicide et la situation de l'emploi des individus : plus les individus sont dans une situation précaire (chômage ou formes particulières d'emplois), plus ils se suicident. Quelle que soit sa forme ("suicide de frustration" ou "suicide égoïste"), Louis Chauvel, comme de nombreux autres sociologues, voit en lui un déficit d'intégration sociale.
On peut alors s'interroger sur le rôle que joue le travail dans le processus d'intégration sociale, processus d'insertion d'individus ou de groupes dans un même ensemble (collectivité, société) acquérant ainsi un minimum de cohérence.
Dans quelle mesure le fait de ne pas travailler aujourd'hui est-il source d'exclusion sociale?...
[...] Par exemple, les ouvriers spécialisés bénéficient d'une identité professionnelle, marquée par une attitude fusionnelle qui consiste à effacer le plus possible les différences individuelles, ou encore les mineurs, les cheminots . Or, la place occupée dans la production conditionne plus ou moins fortement la place occupée dans la structure sociale. C'est ainsi que l'absence d'activité professionnelle peut conduire à une perte d'identité, surtout si l'individu se retrouve au chômage. En effet, le travail est devenu une dimension essentielle de la vie d'un adulte. [...]
[...] Par exemple, la famille aide pour trouver un logement (ou même un travail) en mobilisant ses connaissances mais aussi ses informations. De plus, il existe un réseau d'aides en services et en argent entre les différentes générations. Par exemple, les échanges de services peuvent porter sur la garde des enfants (parents / grands-parents), sur l'aide aux devoirs (grands-parents / petits enfants), sur l'entretien et la réparation, la compagnie (petits enfants / grands-parents) . Cette solidarité mobilise des ressources matérielles quand il s'agit de dons d'argent, mais aussi le temps nécessaire à l'accomplissement d'un service et le savoir-faire requis pour cette action. [...]
[...] En effet, la principale particularité du travail est de fournir une rémunération au travailleur, qu'il s'agisse d'un salarié ou d'un indépendant. L'absence de travail entraîne donc une absence de rémunération du travail, ce qui ne signifie pas pour autant une absence complète de revenu pour l'individu (existence de revenus sociaux). Toutefois, si ces revenus sociaux permettent à l'individu de faire face à ses besoins vitaux (lutte contre la pauvreté d'existence, insuffisance de la consommation de base), des individus ne parviennent pas à atteindre le mode de vie jugé normal dans la société. [...]
[...] Mais elle demeure toutefois inégale, influencée par les revenus des autres membres de la famille. Par exemple, parmi les parents les plus riches donnent de l'argent à leurs enfants, le montant de l'aide étant de francs, contre seulement des parents les plus pauvres, le montant de l'aide s'élevant à francs. Si les solidarités familiales sont donc inégales face à une rupture (ou une absence) du lien social, les pouvoirs publics constituent une autre source de lien social pour les individus qui ne travaillent pas, et essentiellement pour les actifs inoccupés. [...]
[...] Ainsi, le fait de ne pas travailler est source d'exclusion sociale (risque de pauvreté, de perte de l'identité . ) mais il ne conduit pas nécessairement à celle-ci. Il existe en effet d'autres liens créateurs de solidarité, comme la famille, l'Etat Providence ou encore depuis quelques années de nombreuses associations. Il faut qu'il y ait une accumulation de la rupture de tous ces liens pour parler d'exclusion sociale, la seule rupture d'un d'entre eux ne faisant passer en aucun cas l'individu du statut d'intégré à celui d'exclu. On peut donc actuellement être intégré sans travailler. [...]
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