Pauvres, mendiants, marginaux : sources figuratives et histoire sociale (dans la perspective de l’épopée de Giacomo Ceruti)

Thèmes abordés

Mendiants, marginaux, épopée de Giacomo Ceruti, témoignage, pitié

Résumé du document

Les marginaux représentés par CERUTI nous apparaissent parfois comme sans défense et résignés, d'autres fois isolants, scandaleux et grotesques, ou bien représentés avec une grande dignité et éloquence; ils provoquent chez ceux qui les regardent un embarras, un refus et de la pitié, de la peur, et une envie débonnaire de dérision, mais ils suscitent aussi parfois une admiration et un respect pour leur grande force morale.
Mais au-delà des sensations qu'ils suscitent, quel message ces témoignages voulaient-ils nous transmettre ? Qu'est-ce que CERUTI voulait dire à ses contemporains ? En quoi peut-on considérer ces œuvres comme des « images de l'histoire » ?

Extraits

[...] SON STYLE : qualité extraordinaire des ses figures monumentales peintes avec un savoir/sagesse stylistique aigüe, même si l'environnement dans ses œuvres est idéalisé. Il restitue la douce réalité des personnages, lesquels sont surement basés sur des modèles (peut être payait-il ses modèles . ) mais non pas la réalité de l'action. Ce sont des merveilleuses icones poétiques qui nous restituent dans bien des cas une épopée des pauvres abandonnés et nous offre des informations sur leur vie quotidienne et sur les raisons pour lesquelles ces sujets intéressaient les commanditaires. [...]

[...] En même temps, GEREMEK (un critique) interprète ces représentations comme un témoignage du sentiment négatif qu'avait la société envers les oisifs et vagabonds ( = les gitans, selon eux), dans un moment où la dangereuse distinction entre les vrais et faux mendiants avait provoqué de fait les conditions pour l'internement des marginaux dans les hôtels de pauvres et dans les maisons de correction. Autre lecture possible des œuvres de CERUTI (et de ses contemporains d'ailleurs) : elles représentent une anticipation du siècle des lumières et de l'âge des réformes. Hypothèse : il s'agit des images de dénonciation sociale et de participation au monde des marginaux, adhésion idéale aux valeurs des lumières. Le doute subsiste encore aujourd'hui sur la signification des scènes populaires de G. CERUTI. On a du mal à définir le contexte de création de ces œuvres (peu de documentation). [...]

[...] Qu'est-ce que CERUTI voulait dire à ses contemporains ? En quoi peut-on considérer ces œuvres comme des images de l'histoire ? - Est ce que ce sont des documents utiles pour connaître la vie quotidienne des classes sociales les plus basses dans la société d'ancien régime ? Est-ce qu'ils nous renseignent sur les réactions de la société face à la présence des pauvres ? Ou bien, est-ce que la fantaisie de l'artiste et son recours aux modèles figuratifs précédents en invalident la valeur documentaire ? [...]