Le concept de culture, concept clé des sciences sociales, et plus particulièrement de l'anthropologie, n'en est pas moins un concept parfois problématique pour les étudiants en sciences sociales.
La présentation de la culture telle qu'Edward Sapir la conceptualisa dans les années 1930 présente un interêt certain pour les étudiants de sociologie et d'anthropologie. En effet, cette vision, qui inspira tant les courants "sémiotiques" de l'anthropologie américaine que le courant "culture et personnalité" est une vision la fois très nuancée, évitant les apories de la réification d'un tel concept et à la fois visionnaire. Et si Edward Sapir est surtout connu pour être le co-auteur de la fameuse hypothèse "Sapir-Whorf", le reste de son oeuvre mérite d'être (re)lu par les nouvelles générations d'étudiants en sciences sociales.
[...] L'intonation d'une phrase est ainsi déterminée par la langue, c'est-à-dire par la culture, mais aussi par la culture spécifique du groupe social d'appartenance de l'individu. Ici ce sont les enjeux d'expression de l'identité culturelle et sociale qui influent sur la parole du sujet. Il en va de même pour le rythme, le débit de parole et la vitesse : ils sont eux aussi déterminés par la langue, mais aussi par le groupe social d'appartenance de l'individu. La prononciation est déterminée par la langue, mais l'individu peut à travers elle exprimer sa personnalité ou son appartenance à un groupe. [...]
[...] On retrouve aussi, à travers la distinction que Hall opère entre formel, informel et technique, une vision de la culture sur trois niveaux comparable à celle de Sapir. Ainsi, ce dernier écrit : il s'agit de cet univers de formes, de significations et de conduites symboliques qu'un individu tantôt connaît et dirige [les schémas techniques chez Hall tantôt perçoit intuitivement et laisse faire [les schémas formels], tantôt ignore et subit schémas informels].(p.99) Enfin, et je ne développerai que peu ce point à cause de mon insuffisante connaissance de ce mouvement, mais il me semble qu'avant l'heure, Sapir formule les fondements du structuralisme. [...]
[...] Sapir nous propose donc d'analyser la parole. Comment s'y prendre pour saisir le phénomène dans sa totalité et sa complexité ? Pour ce faire, il décompose la parole en plusieurs niveaux levels of speech qui sont les suivants : voix, dynamique vocale, prononciation, vocabulaire et style. Le rapport entre cette analyse de la parole avec la culture n'est pas à première vue évident. Sapir va montrer ici à quel point l'usage de la parole par l'individu n'est pas un acte individuel. [...]
[...] Comment dès lors construire de vastes entités abstraites comme la notion de culture, dépersonnalisée dans de nombreux travaux, sans perdre du sens ? Culture et personnalité : Nous arrivons enfin au sujet qui m'intéresse le plus : les rapports entre culture et personnalité. Je ne m'étendrai pas dessus trop longuement. J'ai simplement voulu dégager les points essentiels de la pensée de Sapir sur le sujet. Tout d'abord, il insiste sur la variabilité de l'influence des traits culturels sur la personnalité. Ainsi, certains influent plus que d'autres sur la constitution de la personnalité que d'autres. [...]
[...] (p.83) Nous retrouvons bien cette idée, exprimée par M. Kilani, plus de soixante ans plus tard dans le discours anthropologique, idée du texte ethnographique comme une fiction littéraire, pleine d'artifices (littéraires, stylistiques, etc). Il va même plus loin, employant le terme de fiction : On a beau dire, la culture n'est pas impersonnelle ; de vastes domaines,( sont l'apanage exclusif de certains individus-clés,( ).S'ils viennent à disparaître, la culture perd sa rigidité, son objectivité ; elle se dégonfle à l'instant, et l'on voit bien vite ce qu'elle est : une fiction conceptuelle commode. [...]
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