L'habitus de Bourdieu

Résumé du document

Le concept d'habitus est au cœur de la théorie et de la pensée de Pierre Bourdieu. Dans son œuvre Le Sens Pratique, de 1980, il en donne une définition complexe : « Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement réglées et régulières sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre. ».
En se fondant sur cette définition, le but de cette fiche technique de mettre en avant les caractéristiques principales de ce concept sociologique bourdieusien.

Extraits

[...] Parce que l'habitus est une capacité infinie d'engendrer en toute liberté (contrôlée) des produits,-pensées, perceptions, expressions, actions,- qui ont toujours pour limites les conditions historiquement et socialement situées de sa production Ainsi, les produits d'un individu qui découlent de cet habitus ne sont ni une nouveauté, mais ne sont pas non plus une reproduction mécanique des conditionnements initiaux L'ajustement de l'habitus aux conditions de l'action est un processus continuel, tout au long de la vie d'un individu. Les conditions de l'action évoluent, ce qui entraîne l'évolution de l'habitus à son tour Distinction et relation entre les différents types d'habitus Cette précision amène à distinguer clairement les habitus de classe et les habitus individuels, et définir la relation qui les lie. Originairement, l'habitus est individuel. [...]

[...] Les implications de l'habitus de Bourdieu A. L'enracinement de l'habitus L'habitus concerne tous les aspects de la vie sociale, mais Bourdieu souligne son enracinement dans l'expérience corporelle. Les dispositions durables concernent avant tout des dispositions corporelles, soit fondées sur une attitude du corps. Dans une étude sur la maison kabyle, Bourdieu initie ses travaux sur la sociologie du corps, en observant les postures différentes de l'homme est de la femme (l'homme a une attitude tournée vers l'extérieur, il se tient droit et fait face, tandis que la femme a une posture tournée vers l'intérieur, vers le bas, une attitude de soumission). [...]

[...] De fait, il y a bien un habitus de classe, mais qui ne constitue pas une culture de classe, qui laisserait ainsi la voie au déterminisme social. Au contraire, Bourdieu souligne que, grâce aux interactions individuelles et l'homogénéité relative des conditions de vie, les habitus individuels sont homogénéisés. Une classe sociale au sens de Bourdieu est un ensemble d'individus, dotés d'habitus relativement semblables, et non strictement identiques. Par conséquent, la relation qui lie habitus individuels et habitus de classe est, selon Bourdieu, une relation d'homologie c'est-à-dire de diversité dans l'homogénéité caractéristique des conditions de vie. [...]

[...] Chaque champ est l'institutionnalisation d'un point de vue dans les choses et dans les habitus. Ainsi, la hiérarchie des intérêts et la lutte des positions fonctionnent comme l'arrière-plan impensé des pratiques des agents. Bibliographie -Pierre Bourdieu Le Sens Pratique , Les Editions de Minuit, Paris 1980. -Christiane Chauviré et Olivier Fontaine, Le vocabulaire de Bourdieu, collection Vocabulaire de , chez Ellipses, Paris 2003. - Pierre Mounier, Pierre Bourdieu, une introduction, collection Agora chez Pocket La découverte, Paris 2001. [...]

[...] Le champ, lié à l'habitus, renvoie à une activité, non aux conditions. Il se crée à partir du moment où les individus exerçant dans le même domaine d'activité entrent en concurrence pour acquérir une position dominante dans le champ. De fait, l'habitus n'est pas seulement un ensemble de dispositions, de maîtrises pratiques, mais aussi un déterminant essentiel de l'investissement, de l'engagement illusio d'un agent dans son champ. Le champ découle donc de l'habitus, car, à partir des pratiques de chaque individu, naît l'ensemble de relations dissymétriques, d'une lutte pour des positions. [...]