Le terme de "démocratisation culturelle" apparaît quelque peu galvaudé à force d'usage. Preuve en est que le Ministère de la Culture lui a préféré souvent celui d'"élargissement des publics". Les récentes études sur les pratiques culturelles des français ont mis en lumière une stratification sociale prononcée en matière culturelle. Il convient dès lors d'affiner le concept de diffusion de la culture évoqué plus haut en "élargissement de la base sociale des publics de la culture". D'autre part, favoriser l'accès du plus grand nombre aux lieux et aux oeuvres exige de réduire des distances à la fois sociales, économiques, géographiques et éducatives. Ces conditions réunies voient la réussite d'actions des pouvoirs publics dans des domaines comme le patrimoine monumental et muséal, ou le livre. La décentralisation ayant profondément modifié le paysage institutionnel, nous verrons que de nouvelles formes de contractualisation émergent dans le champ culturel, qui compte dès lors de nouveaux acteurs comme le médiateur...
[...] Aussi, faciliter l'accès à la culture du plus grand nombre exige de prendre en compte les distances géographiques, économiques, sociales et culturelles des publics (avec pour postulat de connaître ces populations via des enquêtes et des évaluations) et d'agir sur celles-ci. La réduction de la distance géographique d'avec les équipements culturels est une condition déterminante dans la rencontre de nouveaux publics. La majorité du public culturel se concentre dans des zones urbaines. De plus, le développement de l'offre culturelle depuis vingt ans concerne essentiellement les grandes métropoles ou les villes moyennes. D'autre part, les français expriment un engouement et une curiosité accrus pour leur environnement culturel de proximité, vérifiable notamment à l'occasion des Journées du Patrimoine. [...]
[...] De la même façon, Le Louvre, gratuit le premier dimanche de chaque mois depuis 1996, fait figure d'expérience réussie. L'objectif était d'attirer de nouveaux publics en levant le frein économique. Le résultat fort probant de 70% d'augmentation de la fréquentation sur deux ans est renforcé par le fait que le public national est majoritaire les premiers dimanches de chaque mois. De plus des visiteurs ne seraient pas venus sans la gratuité. Cependant, ce bilan demande à être nuancé car l'impact de la mesure reste quantitatif, plus que sociologique. [...]
[...] Leur rôle est fondamental dans la problématique de l'élargissement des publics du fait de leur proximité. La coopération entre les collectivités publiques est, en somme, un enjeu fondamental de la politique culturelle. Elle passe par la contractualisation entre partenaires permettant l'élaboration d'un cahier des charges. Si l'on se penche sur les types de conventionnement dans le champ du développement culturel ou si l'on analyse les contrats Etats- Régions, trois enjeux des politiques culturelles se dessinent : Les politiques sectorielles, intimement liées à celles des publics et la territorialisation. [...]
[...] L'élargissement des publics de la culture renvoie à l'idée d'une démocratisation des pratiques culturelles. En effet, les enquêtes menées par le Département des Etudes et Prospective du Ministère de la Culture en 1973-1981-1989 et 1997 montrent une profonde évolution des pratiques et consommations culturelles des français. Plusieurs éléments expliquent ces changements : l'essor de l'audiovisuel, le progrès de la scolarisation, l'aménagement culturel intensifié du territoire national (développement des équipements culturels conjointement avec l'Etat et les collectivités locales). Cependant, si la population française a une pratique plus cultivée depuis trente ans, c'est en raison de l'augmentation du niveau général d'instruction et de formation et l'avancée de classes sociales telles que les cadres ou les professions "intellectuelles supérieures". [...]
[...] La DMF soutient ainsi le développement de ces services en de véritables services des publics. Elle insiste également sur la professionnalisation des médiateurs en charge des actions culturelles et éducatives. Ce dernier point nous amène à nous interroger sur l'identité des acteurs les plus aptes à la mise en œuvre d'actions culturelles pertinentes, c'est-à-dire intégrant dans leur réflexion les distances sociales, géographiques, culturelles et économiques qui sclérosent la rencontre avec de nouveaux publics. Depuis les lois sur la décentralisation (1982 et 1983), la politique culturelle a changé de visage. [...]
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