On peut faire remonter le système éducatif à l'Antiquité ou au Moyen Age mais en réalité la forme scolaire est beaucoup plus récente.
Elle émerge au 17ème et 18ème siècle avec les collèges jésuites et les établissements gérés par les frères des écoles chrétiennes.
Pour que la forme scolaire s'impose comme mode central de socialisation il a fallu de nombreuses transformations sociales et culturelles : invention de l'enfance, importance croissante du savoir abstrait et recul de la formation par la pratique.
[...] Dans un contexte de forts changements dans la structure des emplois, avec une progression de la part des professions intermédiaires et des cadres, c'est l'école qui a permis de trouver parmi les enfants d'ouvriers ou d'employés ceux qui étaient le plus aptes à exercer ces emplois et qui a donc rendu possible leur ascension sociale. Aujourd'hui où le nombre d'emplois augmente moins vite, la concurrence pour l'accès aux emplois les plus valorisés socialement s'accroît, surtout que la durée de la scolarisation s'est nettement allongée, entraînant la progression du nombre de diplômés. Le lien entre diplôme et emploi est de moins en moins net. Le diplôme des enfants peut être assez nettement supérieur à celui de leurs parents sans que leur statut social le soit. C'est ce que l'on appelle le paradoxe d'Anderson. [...]
[...] Finalement, la réussite scolaire va surtout récompenser ces enfants qui ont une sorte d'avance, due à leur origine sociale, avant même de commencer. b - L'école légitime ces inégalités En donnant le vernis du diplôme à ces inégalités, l'école les rend légitimes, acceptables, puisque pour tout le monde, réussir (ou ne pas réussir) traduit des mérites scolaires différents et non des inégalités sociales de départ. Finalement, pour Bourdieu, les inégalités de réussite scolaire sont pour l'essentiel des inégalités résultant de l'inégale dotation en capital culturel et en capital économique des enfants. [...]
[...] La culture d'une société est la culture d'une classe privilégiée que véhicule l'école. a - L'école reproduit les inégalités Elle traite tous les enfants également mais les enfants sont différents selon leur origine sociale. Et la culture qui est transmise et réclamée à l'école se rapproche beaucoup de la culture transmise par les milieux favorisés à leurs enfants. Résultat : ces enfants vont retrouver dans les exercices proposés les mêmes exigences ou les mêmes contenus que ce que l'on exige au sein de leur famille. [...]
[...] ( Les héritiers en 1964 et la Reproduction en 1970). La société est fondamentalement inégalitaire. La sélection scolaire résulte du fait que l'école impose un arbitraire culturel (type de langage ou comportement) qui est conforme à l'habitus des catégories privilégiées. Les enfants de milieux défavorisés subissent une violence symbolique du point de vu du capital culturel, mais ces sur la base de critères scolaires qu'ils sont éliminés (notes, examens). L'école joue donc un rôle de légitimation et de naturalisation des inégalités sociales en véhiculant les normes et valeurs de la culture dominante. [...]
[...] Dans une société démocratique, l'école apparaît comme le moyen de permettre à tous l'accès à tous les statuts sociaux dans la mesure où les diplômes qu'elles confèrent sont ouverts à tous et ne sont pas décernés selon l'origine sociale. Seuls les résultats aux examens et concours, c'est à dire les mérites de chacun, permettent de les obtenir. Or les diplômes jouent un rôle majeur, en particulier en France, dans l'attribution des statuts sociaux. L'école est-elle le lieu de l'égalité des chances, comme on le souhaiterait ? On a déjà vu plus haut les grandes inégalités de réussite scolaire qui existent en France selon l'origine sociale. Comment les expliquer ? Plusieurs points de vue s'affrontent, ou se complètent. [...]
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