« Le complexe de Narcisse » de Ch. Lasch

Résumé du document

Christopher Lasch débute son argumentation par une analyse et un rappel des concepts freudiens, dans un dédale psychanalytique plus ou moins complexe ; Il rapporte clairement un désenchantement du monde, où l'individu se soignerait par une thérapie de son psychisme. Par ce retour à soi, ce qui compte désormais c'est le pseudo-événement, l'affirmation de soi et l'auto-préservation des valeurs de l'économie-marchande.
Nous allons voir que Christopher Lasch dénonce la décadence et l'aliénation de divers pans de la société et des individus, tel que le système éducatif, l'esprit sportif, la sexualité, le fait de vieillir, ainsi qu'une prise en charge progressive par l'Etat américain d'un nombre croissant de fonctions familiales ou encore de l'écrasement de toutes les « figures » du père.
Dans une première partie nous allons aborder, le thème de l'invasion de la société par le moi (I) et dans une seconde partie Le déclin des valeurs de la société, et l'aliénation des fonctions parentales (II)...

Extraits

[...] L'auteur puise ses nombreux exemples dans le contexte historique et intellectuel des Etats-Unis, il met l'accent sur le progressisme de gauche. Ce livre, écrit en 1979, est définitivement d'actualité (le développement de la télé-réalité et le culte de soi en sont des extensions). Une critique que l'on pourrait faire est qu'il prend pour exemple des auteurs non scientifiques (Woody Allen, Andy Warhol, Jerry Rubin). On sent aussi quelques positions sous-jacentes de l'auteur qu'il considère comme acquise et qu'il ne justifie donc jamais. [...]

[...] Vers les années 1930-1940, l'attitude permissive était de mise, une pleine orientation vers les désirs de l'enfant. Les parents allèrent voir des experts pour connaître la meilleure façon d'élever leurs enfants. Ceux ci étaient devenus incapables de le faire eux-mêmes, aliénés par ces mêmes experts qui leurs disaient que ce qu'ils faisaient était contre le bien- être de leur progéniture. Passant de cette analyse des relations enfants-parents, Lasch, nous donne quelques éléments sur l'histoire sociale de la guerre des sexes. [...]

[...] Cette séduction calculée se retrouve dans les relations de l'individu dans son travail, l'individu moderne est passé d'une certaine éthique du travail à un savant calcul de séduction pour accéder à la réussite sociale. Les affaires du politique se sont théâtralisées ainsi que les affaires du quotidien. Ce sont les thèmes que nous allons aborder dans cette seconde partie ; La décadence d'une éthique du travail, et le théâtralisme de la politique C.Lasch explique que l'éthique du travail, issue du protestantisme, est une base fondamentale de l'american way of life. L'assiduité au travail, et l'esprit d'entreprise, donnait lieu à l'accomplissement personnel et spirituel (p.81). [...]

[...] Kennedy) que socialiste (Fidel Castro) le sport est considéré comme un moyen de ralliement des masses aux différentes idéologies. Lasch reprend des arguments de Huizinga, selon lui, les sphères du sport et du travail se sont mélangées rendant le sport plus sérieux, plus organisé. Ainsi les qualités essentielles du jeu (détachement, improvisation, et plaisir) se sont perdues (pp.146-147). Le sport a perdu aussi de sa noblesse, lorsque celui ci fût médiatisé, les promoteurs du sport changèrent les règles pour s'accommoder aux goûts du public, avides d'actions extrêmes (montée de la violence dans certains sports, décalage des rapports traditionnels du sport avec les saisons). [...]

[...] Son analyse se poursuit sur la hantise de vieillir et la peur de l'avenir, l'espérance de vie s'allongeant, des nouvelles sciences se créèrent pour circonscrire cette nouvelle classe biologique (chercheurs médicaux, démographes, politiciens et futurologues). L'homme psychologique est hanté par le fait de vieillir, la vieillesse dans la société actuelle est considéré comme une perte de vitesse, Narcisse ne se reconnaît plus dans les attraits d'un homme rongé par l'âge. La société le dénigre au niveau social, lui retire son travail et le laisse dépérir dans une maison de retraite. [...]