Premièrement, nous nous intéresserons au rôle que la mobilisation familiale (et en fait surtout la mobilisation de la femme) joue dans ce refus d'avoir recours à une femme de ménage. Dans un deuxième temps, nous verrons en quoi la peur du regard extérieur, qu'il s'agisse de la honte d'être mal jugé ou du refus qu'un étranger s'immisce dans notre intimité, peut constituer un obstacle à la délégation. Enfin, dans un troisième temps, nous mettrons en évidence des raisons d'ordre plus matériel, toutefois souvent liées aux facteurs sociologiques et psychologiques que nous aurons analysés...
[...] On peut établir ici un parallèle avec Irénée lorsqu'elle s'occupe de l'intérieur des autres dans le cadre de son travail. Tout comme elle, Yann n'a rien à gagner à faire le ménage, puisqu'il n'a pas encore de foyer à construire. Son rêve est donc simple à comprendre: il veut se débarrasser de ce qu'il considère comme une corvée. C'est la raison pour laquelle son modèle est l'hôtel: ( . ) un chez-soi banalisé (p.118). Le terme de banalisé souligne la non-implication de Yann- qui est prêt à tout déléguer- dans son chez lui En effet, lorsque nous nous efforçons de faire le ménage chez nous, tout se passe comme si nous voulions créer un chez-nous qui nous ressemble, qui se distingue de l'intérieur de notre voisin. [...]
[...] Si Francine ne comprend pas, c'est parce qu'elle n'a pas intégré la dimension de mobilisation familiale qui l'empêchait autrefois de déléguer: cette mobilisation n'est en effet pas vécue par le sujet, elle est en quelques sortes inconsciente. Nous agissons ainsi sous l'impulsion d'une force. On faisait ça comme ça, sans penser autrement, on le faisait (p.121) conclut Francine. Sa phrase exprime bien le caractère automatique de l'action ménagère au début du cycle. Nous pouvons ainsi refuser de déléguer pour ne pas remettre en cause notre attitude passée. [...]
[...] Il faut comprendre le terme trésors comme objets de valeur. Si Patricia n'en possède pas (et donc redoute peu un vol purement matériel), elle possède des objets personnels, ses affaires ce terme renvoie en fait à son intimité, qui est son véritable trésor et que la femme de ménage, par un simple regard, pourrait lui voler. L'opposition entre l'article indéfini des devant trésors et l'adjectif possessif mes devant affaires peut apparaître comme surprenante) montre bien que Patricia n'accorde pas la même importance à ses biens matériels qu' à ce qui relève de son intimité. [...]
[...] C'est ainsi que dans la première partie de son livre, Kaufmann nous cite l'exemple de Raphaël qui n'aime pas que la caissière touche ses slips; il y a bien là une confusion chez lui entre son slip et son sexe L'objet est considéré comme une partie de lui. Il en est de même pour Bernadette qui ne supporte pas l'idée que quelqu'un puisse fouiller dans son sac à main, ni même le regarder. Son expression est très forte : j'aurais l'impression d'être violée (p.53). La confusion entre soi et l'objet est ici à son paroxysme. [...]
[...] C'était celui de mère et de ménagère, de femme au foyer sublimée en fée du logis (p.121). Il n'y a rien de contestable dans cette affirmation. Longtemps en effet la place de la femme a été à la maison .Mais les choses ont changé et les femmes sont désormais présentes sur le marché de l'emploi. Leur statut de ménagères devrait donc avoir disparu; c'est en effet ce qui se passe officiellement mais selon Kaufmann le poids du passé donnerait à la femme le sentiment que c'est encore à elle d'effectuer le travail ménager. [...]
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