"L'amour en plus - Histoire de l'amour maternel du 17e au 20e siècle" d'Elisabeth BADINTER

Résumé du document

L'amour, et l'amour maternel en particulier, s'élabore et se forme dans le jeu complexe de la construction et de l'évolution mêlées des psychologies individuelles, des classes sociales et des dominations, des orientations dominantes et contingentes d'une société, quelles soient économiques, politiques, démographiques ou culturelles. C'est cette lente maturation qui va, à un moment donné, dégager une configuration pratique et idéologique particulière de rapports entre hommes et femmes et façonner des modalités de reproduction et d'éducation.
C'est à partir de la fin du 18e siècle que la notion d'amour maternel est construite pour donner sens dans un type de configuration. Sachant que cette configuration, dominante, n'est jamais unanimement adoptée, elle laisse affleurer, ici ou là, à l'abri de quelques hypocrisies, faux-semblants et arrangements des résistances, des frustrations, des culpabilités voire d'autres pratiques et idéologies...

Extraits

[...] Entre autres, ni la littérature, ni la médecine ne porterons une attention particulière à la situation de l'enfance à cette époque L'indifférence maternelle des classes aisées Le comportement indifférent des classes dominantes s'expliquent par : la volonté de s'émanciper, de poursuivre leurs désirs et leurs ambitions de femme, de se définir comme femme et non comme mère ou épouse le refus de sacrifier sa vie mondaine, le mimétisme des classes petites bourgeoises sur les classes aisées mondaines Mais contrairement à ce que les défenseurs de l'amour maternel défendent E. Badinter pense que c'est parce que les mères ne s'intéressent pas à leurs enfants qu'ils meurent les marques d'indifférence ou a la recherche des preuves d'amour La mort de l'enfant est un accident banal qu'une nouvelle naissance viendra effacer. l'amour sélectif Il y a inégalité de traitement entre les enfants. [...]

[...] La mère porte donc une lourde responsabilité. Les conséquences sont doubles : si la mère réussie elle sera sanctifiée sinon elle sera destituée, la responsabilité mène alors à la culpabilité et à la condamnation 2 Le discours médical hérité de Freud Le discours psychanalytique a contribué à faire de la femme une mère et le personnage central de la famille. La psychanalyse explique qu'une femme doit être une mère pour ne pas être déviante ou névrosée, une malade en somme. [...]

[...] Même entre mari et femme. Le plaisir charnel est prohibé. Les désirs sont réfrénés. L'amour est connoté négativement. On ne peut construire quoi que ce soit sur une base aussi fragile, aussi instable, incertaine. L'amour est associé à la perte de la raison. Le bon mariage est celui qui se fait avec quelqu'un de son rang, de son âge. La femme doit apporter une bonne dot selon son rang. Elle doit être vertueuse et avoir une aptitude au travail (dans les classes populaires). [...]

[...] Leur action vient appuyer les théories de Rousseau auxquelles certaines femmes sont réceptives mais qui ne permet pas d'enclencher un raz de marée. Beaucoup de pression et plusieurs dizaines d'années seront nécessaire pour que les femmes se résolvent à remplir leur devoir de mères. Quels sont les arguments développés ? ceux de la nature qui commande que la mère allaite. Qui plus est, il est déconseillé moralement et physiquement de lui désobéir. La loi de la nature est une loi divine. Les sociétés développées ont dénaturé leur instinct par l'intérêt et la culture. [...]

[...] Elle l'étudie également à travers le prisme de la lutte des sexes. Elle apporte également un éclairage psychologique le long règne de l'autorité paternelle et maritale Jusqu'au 13e siècle la femme avait un statut élevé. A partir de là et jusqu'au 16e siècle sont statut ne cesse de se dégrader concomitamment au développement du droit romain. Celui-ci venant stopper l'influence libérale de l'église et du droit canon qui en même temps qu'il permettait l'immixtion de l'Eglise et des institutions (l'Etat n'existait pas encore) dans les affaires privées, proclamait, au moins pour les classes supérieures, l'égalité homme/femme, en cela fidèle au message du christ. [...]