II n'y a pas que le revolver, le robinet du gaz ou le tranchant d'une lame de rasoir pour s'éliminer ; on peut fuir la vie de mille autres façons moins draconiennes et définitives, mais non moins graves et dramatiques, dans la mesure où elles mènent aussi à la mort. L'agonie est seulement plus longue. Celui qui choisit l'alcool ou pire encore la drogue, prend un chemin qui le mène implacablement vers une fin tragique (...)
[...] Psychologiquement, l'alcool représente pour l'adulte ce que le sein maternel représente pour le nouveau-né. Il lui redonne confiance. En d'autres termes, c'est la répétition d'une lointaine félicité. Cette explication pourra peut-être sembler très audacieuse. Elle ne l'est pourtant pas. Tout le monde sait, même ceux qui sont le moins disposés à admettre les découvertes de la psychanalyse, qu'un homme frustré trouve un réconfort à ses obscurs malaises en retournant symboliquement à la période où il tétait. Il fume, il boit, il se drogue. [...]
[...] Il n'a plus d'inhibitions ni de complexes. S'il était timide, il devient joyeux et cordial. A sa nature véritable se superpose le masque de l'individu qu'il voudrait être et ne sera probablement jamais sans le recours à cet excitant. IV) L'alcoolisme une sorte de folie L'angoisse disparaît sous l'effet de l'alcool mais, au réveil, elle est encore plus pénible et la résistance à celle-ci est bien moindre. Pour quelques heures de trêve, un individu court le risque de gâcher sa vie sans envisager d'autres voies plus recommandables pour parvenir à une solution. [...]
[...] Et qu'importé si le lendemain matin, la tête tourne, l'estomac chavire, si l'appétit diminue, si les migraines deviennent fréquentes, si l'on a des nausées, si le foie commence à donner des signaux d'alarme. Il est stupide de continuer ainsi. Boire trop, nous le savons tous, est une habitude pernicieuse et comme tous les vices de ce genre fort difficile à guérir. III) Pourquoi tombe t-on dans l'alcoolisme ou la drogue ? Essayons de comprendre pourquoi l'on boit et pourquoi l'on recourt à la drogue. [...]
[...] Tous ceux qui se droguent par désespoir sont aussi malades que les alcooliques chroniques. Il serait un peu trop facile de tomber dans un moralisme mesquin et d'accuser les coupables. Notre propos ici n'est pas de faire la part de ce qui est raisonnable et de ce qui ne l'est pas, mais de trouver le plus rapidement possible un remède afin de prévenir ce mal et soigner tous ceux qui souffrent des conséquences de ce terrible vice. Une guérison radicale et totale ne peut se faire sans recourir à une psychanalyse. [...]
[...] Ce qu'il faut soigner ce sont les conflits de la personnalité, c'est-à-dire la racine profonde du mal. On ne peut compter sur une vague bonne volonté du patient. Il serait absurde de se limiter à dire au drogué: "Si tu veux te soigner, essaie d'être plus optimiste, regarde un peu autour de toi, souris à la vie, etc." Le toxicomane n'est pas en mesure d'écouter ces conseils. Le monde entier le dégoûte, les gens le gênent et il se réfugie dans les stupéfiants car les sensations qu'il expérimente alors lui rappellent le doux souvenir, inconscient mais réconfortant, du giron maternel. [...]
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