C'est ce mode de raisonnement qu'ils présentent dans L'acteur et le système. Ils proposent, en revanche, à partir d'une première généralisation, des résultats concrets obtenus à travers leurs recherches ; ils apportent les éléments d'une problématique, c'est-à-dire simplement une façon différente de raisonner sur les problèmes de l'action collective, donc organisée, des hommes, sur les conditions qui la rendent possible et les contraintes qu'elle impose. Cet essai est finalement, et avant tout, une réflexion sur les rapports de l'acteur et du système. C'est autour de l'existence de ces deux pôles opposés que se structure leur raisonnement. Selon les deux auteurs, l'acteur n'existe pas en dehors du système qui définit la liberté qui est la sienne et la rationalité qu'il peut utiliser dans son action. Mais le système n'existe que par l'acteur qui seul peut le porter et lui donner la vie, et qui seul peut le changer. C'est de la juxtaposition de ces deux logiques que naissent ces contraintes de l'action organisée que leur raisonnement met en évidence...
[...] De toute évidence, le pouvoir ne peut avoir d'autre but que de fixer un mode de raisonnement. Car, comme toutes les ressources que les acteurs utilisent dans la poursuite de leurs stratégies, les sources d'incertitudes organisationnelles ne sont pas des données objectives et univoques. Elles sont ancrées dans les exigences de certaines technologies ou certains processus de production mais aussi dans les caractéristiques et particularités de le structure formelle d'une organisation donnée. Pour résumer, les sources d'incertitudes organisationnelles sont ancrées dans tout ce qu'on pourrait appeler les données "objectives" d'une situation. [...]
[...] L'interdépendance des acteurs du système semble se traduire d'abord par le fait qu'aucune décision d'aucun acteur ne peut être prise de façon unilatérale : parvenir à un compromis acceptable constitue le préalable indispensable à toute action La décision comme phénomène de changement et comme phénomène systémique Le problème comporte un aspect de psychologie sociale de dynamique de groupe. Mais il comporte également un aspect proprement sociologique. En effet, ce ne sont pas seulement les relations interpersonnelles entre les membres du groupe des décideurs qui sont en cause, mais le phénomène politique et systémique que constituent leurs interrelations. L'influence de chacun des membres ne tient que partiellement à ses qualités personnelles. [...]
[...] Enfin, l'organisation régularise le déroulement des relations de pouvoir. Par son organigramme et par sa réglementation intérieur, elle contraint la liberté d'action des individus et des groupes en son sein et, de ce fait, influence profondément l'orientation et le contenu de leurs stratégies. Par ce biais, l'organisation réintroduit un minimum de prévisibilité dans le comportement de chacun, et ceci de deux façons : D'un côté, elle affecte la capacité de jouer des ses membres en déterminant les atouts que chacun d'eux peut utiliser dans les relations de pouvoir. [...]
[...] En effet, le pouvoir, nous l'avons vu, n'existe pas en-soi. Il ne peut s'exercer que dans une relation par laquelle il s'insère, au moins provisoirement, dans un ensemble organisé. Pouvoir et organisation sont ainsi indissociablement liés l'un à l'autre. Les acteurs sociaux ne peuvent atteindre leurs objectifs propres que grâce à l'exercice de relations de pouvoir. Cependant et en même temps, ils ne peuvent disposer de pouvoir les uns sur les autres qu'à travers la poursuite d'objectifs collectifs dont les contraintes propres conditionnent directement leurs négociations. [...]
[...] En ce qui concerne l'organisation du système d'action, on peut dire qu'il existe un renforcement cumulatif dans un cas et un affaiblissement cumulatif dans l'autre. On est loin aussi d'un schéma où le type de structure influence directement le type de fonctionnement et le niveau de performance de l'organisation. A cet égard, les différences entre directions fortes et directions faibles au niveau de la structure formelle sont sans commune mesure avec leur "performances" et leur "réussite" respectives. L'organisation, telle qu'elle se présente d'emblée avec ses limites, ses chaînes hiérarchiques, se procédures de coordination, son unité et son intégration apparente, doit céder la place à l'analyse des multiples systèmes d'action qui l'englobent, mais la dépassant toujours, et qui constituent le cadre contraignant à l'intérieur duquel les acteurs peuvent développer leur stratégies Le problème du mode d'organisation et de culture Pour bien mettre en évidence le problème qui est posé ici, le mieux est peut-être de repartir de la démarche même de l'analyse stratégique, en expliquant le renversement d'optique qu'elle opère dans l'interprétation des faits observés. [...]
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