Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sont docteurs en Sociologie et directeurs de recherche au CNRS. Ils travaillent au sein du laboratoire « Cultures et Sociétés Urbaines », anciennement Centre de Sociologie Urbaine (CSU), depuis 1970. Ce laboratoire est rattaché à l'Institut de Recherche sur les Sociétés Contemporaines (IRESCO). Leurs recherches portent sur la ville, l'élaboration et la mise en œuvre des politiques urbaines, des politiques d'équipement et de logement, les modes de vie urbains.
L'ouvrage « Voyage en grande bourgeoisie. Journal d'enquête » est paru pour la première fois en juin 1997 aux Editions Essais – Débats / Quadrige aux Presses Universitaires de France à Paris. Lors de la mise à jour de l'édition en novembre 2005, les auteurs lui ont ajouté une postface portant essentiellement sur leur actualité et les conditions de recherche en couple, les auteurs étant mariés.
L'objectif des auteurs en publiant ce livre est de transmettre de façon transparente au plus grand nombre leur expérience de chercheurs, en appuyant la description des différentes étapes d'un travail d'enquête de terrain, de sa conception à sa diffusion, sur l'exemple des enquêtes réalisées par eux-mêmes dans les hautes classes sociales de la société française. Ils enrichissent également cet ouvrage des questions spécifiques posées dans les diverses situations d'enquête par ce milieu en particulier, ainsi que de leurs réflexions et leurs analyses sur le métier de sociologue et ses divers aspects.
Nous verrons les différents moments constitutifs de la recherche en sociologie, du travail préalable à l'enquête de terrain jusqu'à la diffusion des connaissances acquises et des conclusions auxquels sont arrivées les chercheurs.
[...] La recherche doit se préoccuper de sa valorisation Hermétisme ou simplification ? La valorisation pose alors la question de la formalisation de l'écriture. Les chercheurs doivent-ils utiliser leur propre langage au risque de n'être compris que de leurs pairs ? Peuvent-ils courir le risque de trop simplifier et donc de ne pas rendre compte de la complexité des questions posées et de la société, s'ils utilisent un langage plus clair ? Pour les auteurs, l'écriture doit être la plus claire possible, tout en rendant compte de la complexité de la réalité. [...]
[...] Eux-mêmes ont des contraintes pour utiliser les informations et les diffuser. La réception du travail de recherche et ses effets réels ou anticipés Les difficultés tiennent aux relations entre chercheur et enquêtés et aux relations entre le public des sciences sociales et les catégories dominantes. Auprès des autres chercheurs (pairs) Certains autres scientifiques soupçonnent les auteurs de fascination pour leur objet et de complaisance envers ce milieu dominant. Les résultats de recherche peuvent donc être accueillis dans le silence et la défiance. [...]
[...] La domination du sociologue par son objet Les individus rencontrés dans le cadre de ces enquêtes cumulant les différentes formes de capitaux exercent plus ou moins consciemment une domination sur le sociologue issu d'un milieu moins bien doté. Cela se traduit par les compétences orales, le luxe apparent aux yeux du sociologue, les attitudes des enquêtés, autant d'éléments, du plus visible à l'invisible. Les enquêtés peuvent également mobiliser leurs compétences pour influencer le sociologue et celui-ci doit être très vigilant à ce sujet. [...]
[...] En effet, selon le concept d'habitus de Pierre Bourdieu, les agents sont formés par la socialisation en amont des interactions observées, qui produisent du social, et des effets qui se prolongent au-delà du moment où elles sont effectuées et observées. Le social est toujours en train d'être produit dans les interactions.», page 76. La réflexivité du sociologue Les auteurs mettent en relation ce qu'ils observent et leurs propres expériences Ils se considèrent comme partie de leur objet. Mettre à plat les enjeux affectifs de l'observateur et de l'observé est une condition indispensable pour qui veut tenter de mettre en évidence les logiques du social. [...]
[...] Conclusion Principales conclusions des enquêtes en grande bourgeoisie. L'approche anthropologique est nécessaire pour étudier ce milieu, car les chercheurs n'en sont pas souvent issus, donc ils ne le connaissent pas. La grande bourgeoisie et l'aristocratie fortunées sont des milieux cumulant toutes les formes de capitaux (économique, culturel, symbolique De plus, leurs membres font preuve d'un sens du collectif et des intérêts de classe très fort, que les auteurs ne s'attendaient pas à rencontrer. Enfin, les individus transforment les héritages et les acquisitions de leur milieu en qualités innées et naturelles par une vie culturelle confondue celle du groupe familial et celle du groupe social. [...]
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