Au treizième siècle, les ambassadeurs occidentaux se multiplient et sont envoyés en terre mongole par les différents dirigeants, qu'ils soient rois ou papes. En effet, à cette époque, une véritable terreur est inspirée par ce peuple. Pour tenter de cerner ses ambitions politiques des différents états orientaux, des ambassadeurs et des missionnaires y sont envoyés, qui véhiculeront pour ces derniers, une certaine volonté de compréhension. C'est dans ce dernier groupe que peut se classer Guillaume de Rubrouck, envoyé par Louis XI afin de comprendre ce que sont ces mongols ; le franciscain répondra à cette interrogation dans une longue épître qu'il intitulera Voyage dans l'empire mongol. Ce texte rompt avec ceux rédigés par les prédécesseurs de Guillaume de Rubrouck en ce sens où les mongols ne sont plus uniquement considérés comme des monstres, et que l'auteur, malgré de nombreux a priori va tenter d'en donner la vision la plus exhaustive possible.
C'est pourquoi il nous a semblé intéressant de travailler sur la vision de l'autre dans cet ouvrage. Il convient de préciser que nous nous intéresserons à l'Autre en tant qu'étranger, aux mœurs et coutumes différentes de celui qui écrit. C'est pourquoi nous ne nous soucierons pas de distinguer les différents peuples rencontrés, Guillaume de Rubrouck ne les scindant pas avec exactitude lui-même.
Quelles représentations de l'Autre sont données dans ce texte ? La vision du peuple mongol est-elle manichéenne ou plutôt à nuancer ? Guillaume de Rubrouck se contente-t-il de définir une civilisation, à l'aune de ses croyances et de ses a priori ? Ne nous donne-t-il pas en filigrane une représentation de lui-même et une esquisse de sa propre société ? Ce sont à ces interrogations que nous tenterons de répondre en analysant dans un premier temps l'image négative, qui prédomine dans l'épître de Rubrouck. Nous verrons cependant dans un deuxième temps que l'auteur sait faire preuve d'une grande objectivité, et effectue un travail s'apparentant de très près à celui d'un ethnologue dans sa manière de définir une civilisation. Enfin, nous nous intéresserons plus particulièrement à la manière de dire l'autre, quels procédés sont utilisés pour définir l'altérité tout en gardant à l'esprit une interrogation essentielle : dire l'autre ne revient-il pas à se définir soi ?
[...] L'on serait en droit de s'attendre à des éléments négatifs ou tout au moins à un jugement, puisque le fait d'avoir plusieurs épouses est inenvisageable pour un occidental du XIIIe siècle, franciscain de surcroît ; il n'en est cependant rien, puisque Guillaume de Rubrouck conserve un grand souci d'objectivité dans cette description. C'est certainement au sujet de la nourriture des mongols que l'auteur se montre le plus impartial. Souvenons-nous en effet que Guillaume de Rubrouck soulignait que Les Mongols mangeaient indifféremment des bêtes mortes ou tuées ; le jugement négatif était implicite mais palpable. [...]
[...] Il convient de préciser que nous nous intéresserons à l'Autre en tant qu'étranger, aux mœurs et coutumes différentes de celui qui écrit. C'est pourquoi nous ne nous soucierons pas de distinguer les différents peuples rencontrés, Guillaume de Rubrouck ne les scindant pas avec exactitude lui-même. Quelles représentations de l'Autre sont données dans ce texte ? La vision du peuple mongol est-elle manichéenne ou plutôt à nuancer ? Guillaume de Rubrouck se contente-t-il de définir une civilisation, à l'aune de ses croyances et de ses a priori ? [...]
[...] Il est donc logique que nous reconnaissions des signaux, révélateurs du mode de vie d'un occidental du XIIIe ; cependant, il y a tout à parier que si un mongol faisait le portrait d'un occidental, nous verrions se dessiner en filigrane le mode de vie mongol. Ainsi, on ne peut dire l'autre que par rapport à soi ; raconter l'altérité revient à raconter sa civilisation, son être, sa sensibilité profonde et c'est ce que nous découvrons dans Voyage dans l'empire mongol. Conclusion Nous avons donc pu constater, au cours de notre étude qu'il n'y a pas une vision de l'autre dans le Voyage dans l'empire mongol de Guillaume de Rubrouck ; elles sont effectivement multiples et cohabitent à l'intérieur de ce texte. [...]
[...] Il s'attache ainsi tout d'abord à décrire les habitations mongoles, comme l'atteste ce passage : La maison où ils dorment, ils l'édifient sur une base circulaire de baguettes tressées ; la charpente de la maison est faite de baguettes qui convergent au sommet en un orifice circulaire d'où sort un conduit analogue à une cheminée.[24] Nous ne pouvons en effet distinguer aucune marque de jugement dans ces termes, qu'il soit ou non négatif ; la description est nette, très détaillée, et le souci du détail prouve combien Guillaume de Rubrouck nous donne à voir un peuple, sans chercher à en donner une image négative. Il ne se contente cependant pas de décrire l'environnement ou le mobilier des mongols puisqu'il décrit également les mœurs de ce peuple ; et c'est véritablement en ce sens qu'il effectue un travail d'ethnologue puisque la mission de ce dernier est de définir un peuple, à travers son mode de vie, ses mœurs ainsi que son cadre de vie. Et il n'est pas présomptueux d'affirmer que Guillaume de Rubrouck effectue cela. [...]
[...] En outre, la peur de l'orage évoque des croyances superstitieuses, et par là même, anti-chrétiennes, ce qui est doublement condamnable pour le franciscain qu'est Guillaume de Rubrouck. Enfin, l'auteur va mettre en exergue l'avidité et la cupidité des mongols afin de marquer une fois de plus leur manque de civilisation, comme l'attestent ces termes : Il est vrai qu'ils ne prennent rien de force, mais ils sont très importuns et demandent impudemment ce qu'ils voient ( ) Ils se prennent pour les maîtres du monde et ils sont convaincus qu'on ne doit rien leur refuser. [...]
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