Dire que la violence juvénile ou que la 'désormais célèbre' insécurité sont au cœur de la campagne présidentielle, comme au centre des préoccupations des Français relève à présent du lieu commun. Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS (Cesdip), propose avec 'Violences et insécurité, Fantasmes et réalités dans le débat français' un travail dont l'ambition est double
[...] La deuxième assertion est tout aussi critiquable que la première :les délinquants, en grande majorité, ne le deviennent pas plus vite aujourd'hui que par le passé. En effet, les mécanismes de la délinquance juvénile indiquent qu'en France comme dans une majorité de pays industrialisés (Mucchielli prend l'exemple de la région du Québec), l'apparition des premiers actes délinquants est de 11 ans. De plus, il existe toujours un décalage entre le moment où un individu commet sa première infraction et celui où il se fait interpeller par la police. [...]
[...] C'est ainsi le cas de Xavier Raufer ou d'Alain Bauer, auteur d'un livre, Violences et insécurité urbaines, édité dans la collection Que sais-je et professeur à la Sorbonne. Celui-ci jouit d'une certaine reconnaissance, mais pour des raisons qui semblent dépasser la seule question de la sécurité (il s'est notamment constitué un important réseau relationnel). De plus, Bauer a crée une société privée de conseil en sécurité, AB Associates, qui propose ses services aux collectivités (avec des prix oscillants entre 100000 et 900000 francs l'audit). [...]
[...] La délinquance juvénile depuis 1950 et ses spécificités Le débat actuel sur l'insécurité semble essentiellement centré depuis plusieurs mois autour de la délinquance juvénile. Les projets d'instauration de couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans ou de création de centres préventifs voire d'établissements éducatifs fermés comme la tentation de réformer l'ordonnance de 1945 apparaissent avoir une ambition et une volonté communes: la société doit se protéger des jeunes ; ceux-ci deviennent de plus en plus vite délinquants et sont de plus en plus violents. [...]
[...] Celui-ci communique abondamment sur la montée de l'insécurité et des risques encourus par les forces de police, s'appuyant régulièrement sur des mises en scènes volontairement dramatiques de la prétendue explosion des violences urbaines. A titre d'exemple, le secrétaire général du SCHFPN, le commissaire Bousquet, auteur de plusieurs livres sur l'insécurité, parle d'une surdélinquance maghrébine pour des raisons culturelles et associe sans inhibition délinquance, origine maghrébine et islam. Enfin, on peut également expliquer ce type de discours par le sentiment d'impuissance, de blocage et d'exaspération existant chez certains policiers et relayés par la voix de certains syndicats. [...]
[...] Face au discours partial des médias, des politiques ou de la police, l'engagement du sociologue La France développe sensiblement la même ligne directrice quant au traitement des problèmes de délinquance depuis les années 1970. Il semblerait également, aux dires des candidats des deux principaux partis, que l'on se dirige vers des politiques de plus en plus axées autour d'une plus grande répression à gauche'', serions nous tentés de dire). C'est pour répondre à la vacuité du débat et au caractère vain de la lutte contre la délinquance d'après les angles d'attaques privilégiés jusqu'à présent que Mucchielli propose certains des résultats de ses recherches ainsi que plusieurs projets de réforme. [...]
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