La violence des femmes est un sujet de recherche difficile à appréhender. D'abord parce qu'il est parsemé d'idées préconçues, ensuite parce que la question de la violence sur les femmes est largement plus relayée. C'est donc en même temps une recherche culpabilisante car son objet semble a priori desservir le féminisme. Pour autant, un essai sur la question, même s'il ne prétend pas à l'exhaustivité, peut avoir le mérite d'éclairer la réalité trop ignorée de la violence féminine aujourd'hui et à travers l'histoire, ainsi que les représentations qui y sont liées. Cette réalité a la caractéristique particulière d'être instable, transformable, multiface. Au cours de l'histoire, la violence féminine a en effet pu s'infiltrer, de sorte que la domination masculine ne fut pas aussi invariable qu'on le croit généralement. Cet ouvrage a donc pour objet de rétablir une certaine vérité, et ce en émettant des hypothèses et en posant des questions, tout en s'appuyant sur l'histoire, de la Grèce à nos jours.
Après l'étude de la Grèce ancienne et de la Révolution française, les auteurs se proposent de s'intéresser à des moments choisis de l'histoire, du XVIIème au XXème siècle, qui seront notamment l'occasion de voir comment les sociétés s'accommodent et utilisent à leurs fins les phénomènes de violences féminines. Les guerres du XXème siècle permettront ensuite d'analyser – ce qui est plutôt rare – les formes de violences spécifiques qui s'établissent par et pour les femmes en ces temps de crise. Enfin, une approche philosophique d'un ouvrage « emblématique de la misogynie » clôturera l'ouvrage, tout en ouvrant la réflexion.
[...] Il s'en suit que les femmes n'en sont pas réduites à une fonction uniquement domestique, mais sont amenées à exercer le pouvoir. Elles gouvernent, président à la politique intérieure et extérieure du pays, négocient la paix, dirigent les armées, s'assurent de la prospérité de leur famille, gèrent des commerces, développent des activités intellectuelles liées à l'art ou à la littérature, etc. Il s'agit bien d'une réalité sociale en opposition avec la tradition, et qui ne concerne donc pas qu'une minorité. L'époque est violente et se conçoit comme telle, l'époque est baroque et adepte de situations dramatiques, passionnées, extrêmes. [...]
[...] Du côté Républicain, on minimise ces actes, lesquels sont présentés comme des dérapages individuels. Alors que le camp républicain tente ainsi de préserver son image, du côté rebelle on utilise ces mêmes viols pour noircir l'image des républicains. Il est ainsi possible de stigmatiser ces derniers et de corroborer la thèse nationaliste selon laquelle les républicains représentent une menace pour le peuple. Le viol sert alors de symbole tandis que la violence qu'il implique concrètement pour la femme et son corps est en net arrière-plan. [...]
[...] Les convulsionnaires corroborent en effet cet état de fait, retranscrit notamment dans la bibliothèque bleue, de sorte que réalité et imaginaire ne cessent de se côtoyer dans ce Paris du XVIIIème siècle. Violence sur les femmes : Cette violence de la part des hommes s'exerce dans tous les lieux parisiens. Les plaintes de l'époque font apparaître que la violence des hommes contre les femmes ne connaît pas de symétrie. Alors qu'on a vu que les hommes et les femmes sont côte-à-côte en ville, cette autre configuration les montre face-à-face, avec de plus un troisième personnage. Il s'agit du témoin, c'est-à-dire le spectateur qui n'est autre que le voisinage du quartier. [...]
[...] Cette violence s'exprime donc en cas de refus du mariage par les femmes, mais la signification de ces actes est plus complexe encore. Tout d'abord, plus qu'une désapprobation, il s'agit même ici de fournir une contrepartie à la violence masculine, qui est une violence ordinaire à savoir celle des violences sexuelles. De plus, ces violences ont une connotation politique car le mariage est une condition de prospérité de la société citoyenne puisque seuls les enfants légitimes (de sexe masculin) sont citoyens, or cela suppose que les femmes acquièrent le statut d'épouse. [...]
[...] Alors qu'en droit elle implique un déséquilibre des sexes, il peut en aller différemment dans les faits. La séduction féminine est néanmoins facilement assimilée à la prostitution ou l'hystérie. L'empreinte politique est donc toujours perceptible dans l'univers de la séduction, où les relations hommes / femmes sont tracées en référence à des directives morales permettant de régir l'ordre social. Ces bonnes mœurs font pourtant face à des pratiques abusives des patrons sur leurs employées ou leurs domestiques et des époux sur leur épouse. [...]
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