Aujourd'hui, toutes les familles ont compris l'intérêt et l'utilité de l'école et souhaitent la réussite scolaire de leurs enfants quel que soit leur milieu social. Or, il y a des différences selon les classes sociales comme le disait autrefois Pierre Bourdieu lorsqu'il parlait du rôle de l'école et de ses mécanismes de reproduction des inégalités sociales et comme le disent les sociologues d'aujourd'hui qui ont montré que ces différences étaient en partie le résultat de la diversité des "stratégies éducatives" des parents envers la scolarité de leurs enfants. En effet, les parents se mobilisent avec pour enjeux la rentabilité, en assurant par exemple un suivi quotidien de la scolarité et en s'impliquant dans les choix des options et des établissements, mais aussi en fournissant plus ou moins inconsciemment des outils tels que les jouets qui n'ont pas de rapport direct avec l'école mais qui peuvent se révéler comme des indicateurs de cette mobilisation familiale. Si toutes les familles ont pour intention de faire plaisir à leurs enfants lors d'un achat d'un jouet, elles n'en ont pas toutes le même usage selon leur appartenance sociale et nous allons voir que cette différence est fortement liée à l'usage différencié de l'institution scolaire.
[...] Dans une seconde partie, Sandrine Vincent étudie le jouet comme objet de sanction scolaire. Bien que tous les parents s'intéressent à la scolarité de leurs enfants, ils peuvent avoir des manières différentes de pratiquer le suivi scolaire. En effet, les catégories moyennes ou supérieures pratiquent un accompagnement " pédagogique" de la scolarité alors que les catégories populaires assurent un suivi plus "autoritaire" en se servant d'"instruments" de pression tels que les jouets ou la télévision pour sanctionner les mauvais résultats scolaires. [...]
[...] L'auteur retrouve à nouveau un clivage entre les familles d'origines populaires et celles des milieux favorisés. En effet, les parents de milieux socioculturels moyens ou supérieurs estiment que l'éducation des enfants nécessite une continuité entre l'extrascolaire et le scolaire afin d'accompagner la scolarité à l'extérieur de l'école. Ces parents vont donc aménager le temps libre de leurs enfants avec des activités leur permettant de renforcer les acquisitions scolaires, telles que les jouets éducatifs, tout en s'amusant. Le plaisir d'apprendre est une valeur essentielle pour les parents des classes moyennes ou supérieures puisque, pour eux, l'école est "un lieu de transmission de la culture qui s'appuie «obligatoirement» sur le plaisir d'apprendre, gage de réussite sociale ultérieure". [...]
[...] Si toutes les familles ont pour intention de faire plaisir à leurs enfants lors d'un achat d'un jouet, elles n'en ont pas toutes le même usage selon leur appartenance sociale et nous allons voir que cette différence est fortement liée à l'usage différencié de l'institution scolaire. Sandrine Vincent va donc dans cet article analyser le rôle des jouets dans les stratégies familiales d'éducation à travers les définitions que les parents en donnent mais aussi les usages qu'ils en font dans la scolarité de leurs enfants. Dans une première partie, Sandrine Vincent s'intéresse au rôle du jouet dans les apprentissages scolaires. [...]
[...] Ils ont donc recours à la sanction et à la stimulation matérielle par le jouet pour forcer leurs enfants à bien travailler à l'école et essayer de leur faire comprendre l'intérêt qu'il y a à faire des efforts. Pour conclure, Sandrine Vincent affirme que même si l'école et la réussite scolaire sont devenues des valeurs importantes pour toutes les familles, surtout depuis ces dernières années de "démocratisation scolaire", les moyens et les attentes différent. Le jouet n'est pas le même et n'a pas le même usage selon les catégories sociales. [...]
[...] A l'inverse, les parents des catégories supérieures refusent cette stimulation matérielle qu'ils qualifient de "politique de la carotte" ou de "dressage". Pour eux, il est important que l'enfant comprenne seul que bien travailler à l'école est essentiel pour son avenir et qu'ainsi, il devienne le premier responsable de sa réussite ou de son échec. Sachant qu'il y a des différenciations sociales dans la réussite scolaire, on pourrait penser que le recours au jouet des catégories populaires est dû à l'insuffisance de réussite de leurs enfants et qu'au contraire, les parents des catégories supérieures n'utilisent pas le jouet comme sanction ou comme récompense parce que leurs enfants réussissent mieux à l'école. [...]
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