Vincent de Gaulejac est né en 1946 et a obtenu un doctorat en Sciences de l'Organisation, un autre en Sociologie et un troisième en Lettres et Sciences humaines. Dans "La société malade de la gestion", de Gaulejac essaie de montrer comment la gestion sous-tend une représentation du monde justifiant la « guerre économique » et pourquoi la société se laisse contaminer par la gestion.
Pour répondre à ces questions, l'auteur emploie plusieurs méthodes. En effet, il utilise autant des statistiques (concernant le nombre de maladies psychosomatiques par exemple) que des entretiens compréhensifs dans des entreprises privées et publiques ou encore des livres de ses confrères. Ce sociologue est aussi un clinicien d'où sa démarche qui cherche à s'approcher au plus près du vécu des acteurs.
Dans cet ouvrage, de Gaulejac pense que les individus subissent le système dans le sens où ils ne peuvent rien faire seuls pour enrayer l'idéologie gestionnaire ; cette dernière s'impose aux individus, à leur insu. On peut donc en déduire que l'auteur est un sociologue du fait social en posant comme postulat que la société détermine la personne. Pour pouvoir « soigner » la société de la gestion, il faudrait donc changer la structure.
[...] Ce sont des logiques financières qui sont mises en avant comme facteur de progrès de l'appareil étatique sans réflexion sur le fonds de l'utilité de cette institution. On peut donc dire que l'idéologie gestionnaire tue la politique qui devient un marché boursier où il faut conquérir des parts et où l'opposition est définie comme la concurrence. L'Etat est géré comme une entreprise dont le budget doit être restreint, les fonctionnaires comme des effectifs à supprimer et ses interventions comme des initiatives inutiles. [...]
[...] Toutefois, cette démarche qualité provoque un syndrome quantitatif aigu». En effet, tout doit être mesuré grâce à des grilles de mesures sophistiquées et par des calculs alambiqués. La quantophrénie (ou maladie de la mesure) donne ainsi, aux calculocrates, une illusion de maîtrise totale mais fait perdre le sens et la valeur du travail pour ceux qui l'effectuent. Les outils de la gestion sont donc définis comme faussement neutres puisqu'ils sont construits sur des présupposés et façonnent la réalité selon des habitudes, des schémas mentaux. [...]
[...] Même la politique est atteinte par la maladie de la gestion et cherche à gérer la société avec les mêmes règles que celles appliquées à l'entreprise. La maladie gestionnaire contraint l'homme dans un système paradoxal dans lequel richesse et bien-être s'opposent au lieu de se compléter. Il devient urgent pour l'Homme de repenser la gestion en recherchant un nouvel équilibre entre les actionnaires, les clients et le personnel tout en intégrant la qualité de l'environnement et les solidarités sociales Critique & Analyse Cet ouvrage analyse le management comme véritable technologie de pouvoir visant à faire adhérer les individus aux exigences de l'entreprise et de ses actionnaires, ainsi que celle de la gestion qui utilise la rationalité et le pragmatisme pour justifier la guerre économique et ses effets. [...]
[...] Le chapitre 2 présente les fondements de l'idéologie gestionnaire. Ainsi, la gestion est plus fondée sur l'efficacité que sur la pertinence des idées ; les experts de la gestion sont alors des prescripteurs de modèles fondés sur des paradigmes qu'il convient de suivre à la lettre. La gestion n'est pas viciée en soi, mais elle se pervertit dès qu'elle place l'homme comme une ressource pour l'entreprise. L'idéologie de la gestion se caractérise par un ensemble de croyances et une certaine vision du monde qui se présentent comme rationnels ; cependant, cette idéologie entretient une illusion et légitime le profit comme finalité. [...]
[...] Le pouvoir managérial essaie de réguler l'abstraction du capital et l'instabilité du travail. Le chapitre 1 explique pourquoi le management s'est mis au service du capital. La première raison est l'obsession de la rentabilité financière ; en effet, la Bourse est la hantise numéro une. Cela s'explique grâce aux trois phénomènes majeurs qui ont bouleversé le fonctionnement du capital à la fin du XIXe siècle : la substitution de l'économie financière à l'économie industrielle, la déterritorialisation et la dictature du temps réel du fait de l'apparition de nouvelles technologies. [...]
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