Cet ouvrage de Ulrich Beck est paru en Allemagne en 1986, après la catastrophe de Tchernobyl. Cet événement marque un tournant, une transition dans laquelle les dangers et les risques prennent une telle ampleur dans la réalité qu'ils transforment la société industrielle. En effet, le nouveau concept de société mondiale du risque dessine les contours d'une nouvelle société, d'une nouvelle modernité qui prend en compte les problèmes écologiques. Beck parle d'une « dynamique de danger qui abolit les frontières » (p13). Mais ces dangers sont imperceptibles, « ils deviennent les passagers aveugles de la consommation normale. Ils se déplacent avec le vent et l'eau, sont présents en tout et en chacun, et pénètrent avec ce qu'il y a de plus vital -…- toutes les zones protégées du monde moderne » (p17). L'auteur montre qu'aujourd'hui la société est confrontée à elle-même, elle ne peut plus imputer les situations de danger à des causes externes. Elle vit un vrai choc anthropologique car elle prend conscience que les formes civilisées dépendent de la nature. C'est en cela que la nouvelle modernité qui s'amorce est une modernisation réflexive. La société industrielle doit se repenser en mettant en cause ses fondements. Ainsi dit Bruno Latour « la société post-industrielle est une destruction de la société industrielle ».
[...] L'auteur allemand voit l'affirmation de formes nouvelles de cultures politiques dans lesquelles les divers centres de la subpolitique prennent part au processus de formation de décision politique et de construction politique sur la base des droits fondamentaux dont ils ont conscience A travers son ouvrage et ses propos sur la politique, Ulrich Beck critique la technocratie. Celle-ci, depuis la reconnaissance des risques, doit justifier son projet comme étant étatique. Mais ce projet comporte des risques écologiques et est donc contesté par la masse. La politique et l'effet éthique prennent alors le pas sur le raisonnement scientifique. Les risques sont quelque peu niés avec la création d'artifices tel que le taux limite. Leur but est de cantonner l'intoxication dans des limites acceptables, or en limitant la pollution on fait le jeu de la pollution (p116). [...]
[...] Les fondements de la société industrielle sont affaiblis et ouvrent la voix à une modernité alternative écologiquement éclairée. En fait, c'est aussi tout le processus de rationalisation qui se met en veilleuse, pour faire place à un processus de déréification. Au fur et à mesure que la crise se déplace du système au monde vécu, le système devient de plus en plus dépendant des légitimations venant du monde vécu. Les acteurs exigent la transformation des structures (cf Vandenberghe). L'individualisation réflexive : La société du risque apporte aussi des incertitudes au plan des risques sociaux, biographiques et culturelles. [...]
[...] Cela crée une forme de culpabilité. La société doit être gérée individuellement comme une variable. Vivre sa vie cela équivaut à résoudre sur le plan biographique les contradictions du système Pour Beck, le marché de l'emploi est le moteur principal de l'individualisation réflexive. En effet, pour avoir une bonne position dans la société il faut avoir une bonne éducation et être mobile. Ainsi chacun stimule l'individualisation. Cette mobilité implique le mouvement d'émancipation vis à vis de la famille, de l'entreprise Le marché du travail est flexible, il engendre la précarité généralisée de l'emploi. [...]
[...] Mais c'est l'individu lui-même qui devient l'unité de reproduction de la sphère sociale Ils deviennent les agents de leur propre subsistance et agents d'une planification et d'une organisation de leur biographie. Ils ont de nouveaux mouvements de quêtes qui expérimentent de nouveaux rapports sociaux, de nouveaux rapports avec l'existence et le corps. Pour Beck, le marché du travail fait tomber les fondements de la société industrielle à savoir la notion de classe, la famille, la division sexuée, le mariage Tout est imbriqué. Pour certain cela nous mène à une société atomisée et anomique, mais pour Beck, anomie et autonomie sont liés. [...]
[...] La communauté de la peur se substitue à la communauté de la misère. Soumis à la menace, les hommes prennent conscience qu'ils respirent comme les plantes : il naît une solidarité des choses vivantes. La modernisation réflexive : La crise écologique révèle ainsi des fissures dans les fondements mêmes de la société capitaliste-industrielle. L'avancée, résume Vandenberghe, de la modernisation industrielle entraîne le passage à une seconde modernité dans laquelle les conséquences destructrices de l'industrialisme deviennent une affaire publique concernant chacun Les promesses du progrès scientifique ne satisfont pas les individus qui se montrent sceptiques à leurs égards. [...]
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