Le couple a été analysé de nombreuses fois et Jean-Claude Kaufmann a décidé de réaliser une enquête en partant d'un élément aussi inattendu qu'intéressant : le linge. Pourquoi le linge comme analyseur ? Parce que les couples cachent leurs vraies relations et que le linge est révélateur des pratiques parfois dissimulées du couple. Celui-ci est présent dans la vie du couple en permanence, quelque soit le lieu ou le moment.
Les femmes ont d'ailleurs un lien particulier au linge. Ce lien se retrouve notamment dans la répartition des tâches : ce sont les femmes qui très majoritairement s'occupent du linge. Les hommes font alors souvent office de spectateur immobile ou de réfractaire assumé (les deux ne s'excluant pas, au contraire).
Le sociologue a réalisé une enquête sur deux ans auprès de vingt couples (rémunérés pour l'occasion). Cette enquête s'est avérée difficile car fastidieuse : chaque détail était important et les non-dits encore plus.
L'analyse de Kaufmann met donc en lumière les inégalités au sein du couple concernant le traitement des tâches domestiques mais elle va au-delà de cette constatation : elle propose de s'intéresser à l'origine de ces inégalités. Ces origines qui sont, selon l'auteur, le fruit de rôles sociaux préconçus par la société et donc par les individus eux-mêmes.
Comment ces rôles se sont donc construits ? Comment se répercutent-ils sur le couple ? En quoi l'organisation du couple est-elle influencée par ces rôles ? Comment le linge parvient-il à dépeindre le couple et à parfois le trahir ?
Toutes ces diverses interrogations trouvent leurs réponses à travers cette enquête et l'analyse qui en a découlé. L'auteur, pour mieux appréhender ces réponses, propose de s'intéresser d'abord à la formation du couple, puis à l'individu recomposé. Ensuite, l'auteur s'attache aux ajustements et aux contradictions dans le couple et finit par dresser un portrait de l'homme et de la femme dans le couple.
[...] L'égalité est vue comme une valeur idéale vers laquelle il faudrait tendre mais c'est loin d'être le cas (les femmes passant en moyenne cinq heures par jour pour les tâches domestiques contre à peine deux heures et demie pour les hommes). Malgré une baisse des inégalités, l'égalité est encore loin d'être atteinte. des tâches de la cuisine, du ménage etc. sont faites par les femmes). Les couples sont en fait à la recherche d'une inégalité raisonnable (p.142) L'auteur se demande quelles sont les causes d'une telle inégalité. Il y répond dans la quatrième partie du livre. [...]
[...] Autant les couples ont l'impression que les tâches ménagères sont souvent sujets à discussion, autant la réalité est toute autre et les silences sont généralement de mise. Le silence permet de désamorcer les conflits. Les discussions entre les couples sont donc fréquemment des réflexions assez anodines mais qui participent à la construction d'une pensée commune. Outre les silences, les partenaires utilisent souvent des petites phrases qui sont parfois plus mordantes encore qu'un long discours. Les petites phrases peuvent cependant entraîner une dispute : celle-ci a souvent pour but de faire rappeler une règle et permet également de désamorcer un conflit. [...]
[...] Lors des premières semaines de la mise en couple, les individus font tout pour bien paraître devant l'autre : on fait des efforts sur sa toilette, sur ses mauvaises habitudes Le linge est alors un indicateur précieux : on constate que les individus s'habillent de façon plus élégante qu'ils ne le feraient d'ordinaire. De même, lorsque les couples s'installent, les deux partenaires réagissent en fonction de l'autre : une fièvre ménagère les emporte mais pour un court laps de temps. Nous parlons ici de couple : mais quand celui-ci commence-t- il ? Cette question trouve sa réponse avec l'intégration ménagère. Lorsque deux personnes possèdent un lave-linge, et sont totalement indépendantes au niveau des tâches domestiques, on peut considérer que l'intégration ménagère est totale. [...]
[...] Le livre de J.-C. Kaufmann nous permet de nous rendre compte que la formation du couple est longue et que sa pérennité est parfois difficile à conserver. Cependant, ce livre montre que le couple permet à l'autre de se dépasser, de se bonifier avec le temps. L'individu est transformé par la mise en couple. Même si l'inégalité perdure, les jeunes couples font souvent preuve de bonne volonté en espérant un partage équitable des tâches. C'est un message d'espoir pour l'avenir : les hommes reconnaissent de moins en moins le schéma classique et traditionaliste de la femme au foyer. [...]
[...] Cependant, avec le temps, l'intégration ménagère devient d'une manière ou d'une autre irrésistible (p.76). Les partenaires s'accordent de plus en plus, et sur de plus en plus de principes, le but étant de trouver un certain équilibre entre les attentes et les besoins de chacun. Même si la réalisation des tâches n'a parfois rien de rationnel, l'important est de s'y conformer et de s'en accommoder. Une fois le vrai couple formé, on constate une multitude d'habitudes, qui s'ajoutent les unes aux autres et alimentent la vie conjugale. [...]
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