« Faute professionnelle », « défaite sportive et morale », « atteinte aux valeurs et à l'intérêt national », les médias n'ont pas manqué de qualificatifs pour décrire le refus des joueurs de l'équipe de France de football de s'entraîner le dimanche 20 juin 2010, en pleine coupe du monde sud-africaine. Très vite, politiques et presse sportive s'emparent de cette grève diffusée dans le monde entier, moyen choisi par les joueurs pour montrer leur mécontentement face à l'exclusion de Nicolas Anelka, l'hostilité des médias et le manque de soutien de leur fédération (FFF).
[...] Premier moment de la démonstration : la grève s'inscrit dans un contexte de tensions vives entre joueurs, sélectionneur et médias. Tout d'abord, à la recherche de rationalisation et de compréhension de la grève de Knysna, Stéphane Beaud se focalise sur le contexte très particulier qui régissait le quotidien de l'équipe de France sous l'ère Domenech. En effet, une grève de multimillionnaires alors qu'ils représentent leur nation dans la plus prestigieuse compétition au monde, pour protester contre l'exclusion d'un coéquipier ayant proféré des insultes graves à l'encontre du sélectionneur, s'apparente au premier regard à une situation absurde. [...]
[...] pourrait être complété par l'étude de facteurs négligés faute de temps ou de moyens. Par exemple, il serait pertinent de mener une analyse institutionnaliste sur les différentes instances en charge du football français comme la FFF (Fédération française de football), la LFP (Ligue de football professionnel), l'UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels) et le Ministère des Sports. En effet, Stéphane Beaud voit aussi dans la grève de Knysna une réaction des joueurs contre les institutions du football (en particulier la FFF) ; il serait dès lors nécessaire d'enquêter sur l'influence de ces organisations sur les comportements au sein de l'équipe de France. [...]
[...] La démission en pleine coupe du monde de Jean-Louis Valentin, directeur général délégué de la FFF, puis celle du président Jean-Pierre Escalettes, ou encore le manque de communication entre dirigeants et joueurs (la FFF n'a pas prévenu l'équipe de sa décision d'exclure Nicolas Anelka) sont autant d'éléments qui invitent à prolonger la réflexion par une étude poussée de la FFF et de ses rapports avec les Bleus, dans le but de mieux comprendre encore la grève de l'équipe de France. [...]
[...] L'auteur s'appuie par exemple sur un raisonnement toutes choses égales par ailleurs entre Zinédine Zidane et Samir Nasri pour étayer sa thèse. Alors qu'ils présentent des caractéristiques semblables (origine algérienne, nés et élevés à Marseille, en cité, jouant au poste de milieu offensif, repérés tôt pour leurs qualités techniques leurs biographies sont particulièrement révélatrices des changements professionnels et personnels des footballeurs que nous venons d'évoquer. Les exemples de Nasri et Zidane conduisent Stéphane Beaud à mener une étude de cas plus approfondie sur les générations successives de footballeurs d'origine algérienne en France, révélatrice de mutations sociales des internationaux français issus de l'immigration. [...]
[...] Par ailleurs, l'affaire des quotas de l'an dernier est apparue aux yeux de beaucoup comme un prolongement à la grève de Knysna. Au cours de ce quotagate le directeur technique national, François Blaquart, est accusé d'avoir voulu mettre en place une politique de limitation de joueurs binationaux formés en France, car certains choisissent finalement une sélection nationale étrangère. Plusieurs autres membres du staff technique de l'équipe de France dont le sélectionneur Laurent Blanc et le sélectionneur des espoirs Erick Mombaerts sont également mis en cause pour avoir soutenu le projet. [...]
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