Wolfgang Sofsky est un sociologue, journaliste et écrivain allemand. Il est né en 1952 et a étudié la sociologie, la philosophie et les sciences politiques. Il se consacre depuis plusieurs années à l'analyse des rapports de violence dans la société et s'intéresse également aux questions de la guerre et du pouvoir. En 1993, il reçoit le Prix Geschwister-Scholl pour L'organisation de la terreur. Il est également l'auteur d'autres ouvrages, traduits en plusieurs langues, comme L'Ere de l'épouvante, ou Traité de la violence. Il écrit régulièrement pour le Neue Zürcher Zeitung ou le Die Welt.
Dans Traité de la violence, Wolfgang Sofsky s'interroge sur les différents aspects que peut prendre la violence, mais aussi sur son évolution et sur l'attirance que les gens ont pour elle. Sa réflexion est axée autour de deux principaux pôles qui sont l'état de nature, et la culture. L'auteur invite donc le lecteur, tout au long de l'ouvrage à se questionner sur les origines et les conséquences du contrat social, longuement évoqué dans le Léviathan de Thomas Hobbes et dans du Contrat Social, de Jean-Jacques Rousseau. Ces deux auteurs ont en effet soutenu très tôt la nécessité d'un contrat social, pour protéger l'individu et lui garantir une fiabilité au sein de la société. Hobbes décrit l'état de nature comme une « guerre de tous contre tous », et le contrat social doit donc intervenir pour assurer la sécurité des hommes, en restreignant la liberté de chacun. Pour Rousseau, un tel contrat permet surtout de rendre l'homme souverain, en le poussant à abandonner son intérêt personnel pour suivre l'intérêt général. Dans les deux cas, la création de l'état vise à défaire l'individu de ses intérêts et de ses propres instincts pour lui permettre, et permettre aux autres individus, une sécurité et une meilleure vie commune. Avec le contrat social, les hommes doivent donc renoncer aux moyens de se défendre eux-mêmes, en léguant ce pouvoir à des représentants désignés pour faire régner l'ordre. La société devient alors un dispositif de protection mutuelle.
Cependant, Sofsky constate que les violences faites aux individus par les individus eux mêmes n'ont pas cessé, qu'elles se sont au contraire multipliées et aussi déplacées.
Quel a donc été le rôle du contrat social ? Dans quelle mesure celui-ci a-t-il été efficace et comment les individus l'ont-ils contourné ?
[...] La destruction des choses témoigne de la volonté d'un changement soudain. Les hommes, en détruisant, cherchent donc aussi à mettre un terme au passé. Cela lui permet d'acquérir une nouvelle puissance, celle de maîtriser le temps. La destruction s'en prend à la durée du temps, elle crée le changement brusque. Elle aspire à être totale, cependant cette totalité n'est que rarement atteinte. Il reste en effet toujours des traces des objets détruits, et même s'il ne reste plus l'objet, il reste l'espace qu'occupait ce dernier. [...]
[...] Cependant le combat contre la condition mortelle ne va pas sans violence, nous dit Sofsky, car l'illusion de l'éternité pousse les hommes à des actions et à des idées grandioses C'est par la violence que la culture existe et se perpétue. C'est elle qui met à la portée des hommes des moyens de destruction. Au cœur de la culture matérielle on trouve la production d'armes. Les hommes n'ont jamais consacré autant d'énergie qu'à la fabrication de nouveaux moyens de destruction. En fournissant des armes de plus en plus efficaces, la culture pousse aussi à s'en servir, et donc à tuer. La mécanisation du monde conduit à la mécanisation du meurtre. [...]
[...] Le passage de l'état de nature à celui de culture ne serait donc pour lui qu'un nouveau tournant dans la violence, et non sa suppression. La production d'uniformité souhaitée par le contrat étatique accentue l'exclusion et l'oppression des différences, ce qui conduirait l'homme à se révolter. Car l'utopie de l'ordre, c'est la fin des libertés. Certes, la violence existe toujours sous de nombreuses formes de nos jours, mais comment serait la situation en l'absence de lois et d'institutions ? Le droit international a permis de grandes avancées en termes de respect des droits de l'homme et de protection des individus. [...]
[...] Dans son sixième chapitre de Traité de la Violence, Wolfgang Sofsky nous dit que nous sommes préalablement tous égaux devant la violence. Elle nous attire, et nous fascine, bien qu'elle nous dégoûte et nous révolte. Nous nous laisserions donc tous prendre par les passions de la violence. Il distingue ainsi deux types de spectateurs : l'indifférent et l'intéressé. Le premier fait en sorte que la violence à laquelle il assiste ne le concerne pas. Pour cela, il se concentre pour bloquer sa perception. [...]
[...] Le pouvoir se nourrit de peur, et de violence. Et avant même de léguer ce pouvoir à des représentants désignés pour garantir la sécurité des individus, l'homme a toujours pratiqué la violence lui même. Dans le deuxième chapitre, intitulé l'arme Wolfgang Sofsky décrit le corps humain comme l'arme la plus redoutable, puis c'est la première qui ait été créée. Elle permet en effet à l'homme de pouvoir s'en servir à tout moment, puisque le corps est l'essence même de l'homme. [...]
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