Jean-Michel Chapoulie, né en 1941, et professeur de sociologie à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Il se consacre à l'étude de la tradition de Chicago en sciences sociales. Suivant d'abord un ordre chronologique, cet ouvrage permet de comprendre la genèse, la pertinence et les limites de cette « Ecole ». Puis, retenant quelques thèmes d'études et examinant les carrières de certains sociologues, l'ouvrage fait apparaître l'orientation commune aux chercheurs de la tradition de Chicago.
Qui sont les sociologues réunis sous l'appellation de « tradition (ou « Ecole ») de Chicago » ? Qu'ont-ils découvert et comment ont-ils travaillé ? Dans quelle mesure l'environnement social, politique, intellectuel, influença leurs analyses ? Quelle relation peut-on établir entre les générations successives de chercheurs du département de sociologie de l'université de Chicago ? Pour répondre à ces questions J-M Chapoulie adopte une démarche historique, c'est-à-dire notamment l'établissement des « faits » institutionnels ou biographiques mais aussi l'explication des catégories de pensées et du sens des actions dans leur contexte d'époque. Dès lors, il ne s'intéresse pas seulement aux œuvres abouties mais aussi aux travaux d'histoire sociale sur Chicago. Une autre source documentaire, biographies et autobiographies, le mène par ailleurs, à étudier les déterminations des recherches sociologiques qui sont extérieures à la discipline.
[...] Le New Deal est d'ailleurs marqué par des avancées symboliques pour la place des Noirs dans la vie publique. A partir des années 1930, l'un des principaux terrains de lutte en faveur des Noirs est celui de la discrimination dans l'emploi, mais, parallèlement à ces évolutions symboliques, un nouveau type d'émeutes urbaines apparait. Ce renouveau de la tension raciale favorise l'apparition de nombreux comités locaux chargés de s'occuper des conflits entre races ; c'est à la même période (et après 1945) que la mécanisation de la culture du coton dans le Sud entraîne une migration massive des Noirs vers les villes du Nord et vers l'Ouest. [...]
[...] Les professeurs et notamment de sciences sociales - y occupèrent une place importante. La fraction du mouvement de réforme Progressive Era, qui entretenait des relations étroites avec les sciences sociales et en était en quelque sorte l'avant-garde, contribua à la fondation dans les quartiers populaires de settlements, qui offraient éducations et services sociaux variés à la population du quartier. Les réformateurs divergent certes sur l'importance relative des différents problèmes sociaux, mais soutiennent tous les programmes d'éducation (enseignement, bibliothèques, musées) et s'accordent aussi sur la nécessité d'une réforme du gouvernement des villes pour améliorer l'habitat et la santé publique, pour combattre la prostitution, la criminalité, et la délinquance. [...]
[...] Park, l'entreprise sociologique et le mouvement de réforme Comme Thomas, Park refuse de définir la sociologie comme science des problèmes sociaux Il énonce une nouvelle manière de voir la relation qu'entretient le chercheur avec son objet. De là son hostilité à l'égard des travailleurs sociaux et la distance qu'il maintenait avec le mouvement de réforme. Pourtant, il fut associé à différentes formes d'assistance à l'égard de diverses populations. L'insistance de Park sur le caractère scientifique de la nouvelle discipline est à mettre en relation avec la séparation croissante de la sociologie et du mouvement progressiste de réforme. [...]
[...] La conception de la notion de race qu'adopte ici Park rejette complètement l'idée d'une différence biologique entre races. Puisqu'il prend pour objet d'analyses les relations entre les races et non les groupes raciaux eux-mêmes, Park s'écarte encore des approches antérieures. Les relations entre races dans le Sud depuis la fin de l'esclavage (1877) sont caractérisées par l'isolement des Noirs par rapport à la société qui les entoure. Un moindre isolement par rapport aux Blancs distinguait les esclaves domestiques des travailleurs des champs de plantations. [...]
[...] ( )Les transports et les communications, les tramways et le téléphone, les journaux et la publicité sont les facteurs principaux de l'organisation écologique de la ville. L'ordre écologique est donc irréductible aux volontés individuelles. Ces considérations conduisent à adopter sur la réalité sociale l'instrument d'investigation qu'est la carte. Celle-ci permet de découvrir des phénomènes à partir de leur réalité objective et les aspects de ceux-ci qui échappent aux consciences individuelles. En effet, le mode d'occupation d'un territoire conduit à montrer que des phénomènes comme la délinquance, le suicide, le divorce, etc . sont spécifiques de certaines zones urbaines. [...]
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