Inspirée par des auteurs tels que Marx, Friedmann, Gurvitch ou Parsons – des auteurs qui ont tous largement réfléchi sur le travail – la sociologie d'Alain Touraine s'est fondée sur une analyse de l'évolution du travail dans la société industrielle des années 50, et particulièrement l'évolution du mouvement social ouvrier. Avec Qu'est ce que la démocratie ?, Touraine applique les nombreux principes de sa théorie actionnaliste au système politique de la démocratie, dont les fondements en sont clairement inspirés. L'ouvrage se termine sur une ouverture globale, la démocratisation à l'est et au sud, nécessaire à la survie de la démocratie de manière générale
[...] L'initiative juridique revient aux mouvements d'opinion. C'est cette affirmation des droits qui est préférable : seul le débat démocratique peut concevoir une action d'ensemble contre le chômage, quels que soient les moyens économiques déployés. Mieux vaut encore l'Etat Providence avec toutes ses faiblesses que le jugement du marché qui exclut inexorablement une partie croissante de la population. Pour remédier à l'actuelle dépolitisation des problèmes sociaux, il faut pouvoir augmenter la capacité d'expression et d'initiative de ceux qui doivent être reconnus comme acteurs et non plus comme victimes du système : plus que de critiques contre l'Etat Providence, nous avons besoin de concevoir de nouvelles formes de production et de nouveaux conflits sociaux (nouveaux mouvements sociaux) pour redonner aux politiques sociales un rôle réformateur L'histoire de la démocratie montre une émergence successive de chaque dimension de la démocratie : la souveraineté populaire par la création de l'Etat-Nation en France ou aux Etats-Unis, la limitation du pouvoir d'Etat par la combinaison républicain / libéral en Angleterre, et la représentativité par le New Deal aux Etats-Unis, le Front Populaire en France ou le Welfare State en Angleterre Cette combinaison progressive ne conduit-elle pas à un affaiblissement accéléré de la démocratie ? [...]
[...] C'est ainsi que les hommes font leur histoire. Son application à Qu'est ce que la démocratie ? La réflexion de Touraine sur la démocratie est-elle une simple retranscription de ces principes actionnalistes au système politique ? Une première lecture nous pousse aisément vers une réponse affirmative : En tant qu'articulation de la liberté, de la mémoire et de la raison, principes auxquels le sujet choisit ou non d'adhérer, la démocratie selon Touraine rejoint tout à fait sa double définition de la modernité énoncée précédemment. [...]
[...] Qu'est-ce que la démocratie ? Est fortement imprégné par le concept d'acteur, auquel s'intéresse Touraine depuis la crise de la société industrielle et le passage à une société programmée (cf. Le Retour de l'acteur, 1984). Contre une modernité prise dans son sens courant, à savoir le règne de la raison et l'emprise croissante du système sur les acteurs (que l'on retrouve dans le marxisme ou le structuralisme), et contre la dérive vers une sociologie de l'acteur sans système (interactionnisme), Touraine construit par le retour de l'acteur une sociologie qui le fasse correspondre avec le système : il redéfinit la modernité dans laquelle le sujet est le travail par lequel un individu se transforme en acteur, c'est-à-dire en agent capable de transformer sa situation au lieu de la reproduire par ses comportements Touraine divise ainsi la modernité entre rationalisation et subjectivation. [...]
[...] La devise liberté, égalité, fraternité est une excellente définition de la démocratie, car unit des éléments purement politiques à d'autres moraux et sociaux, ceci sans principe central mais par la combinaison des 3 principes : si la démocratie est bien un type de système politique et non pas un type général de société, elle se définit par les rapports qu'elle établit entre les individus, l'organisation sociale et le pouvoir politique et non pas seulement par des institutions et des modes de fonctionnement Deuxième partie : histoire de l'esprit démocratique moderne. Républicains et libéraux. L'internationalisation de l'économie, totalement dégagée des systèmes politiques nationaux, a provoqué un éclatement du modèle républicain. Doit- on le prendre comme un succès pour la démocratie ? [...]
[...] Un mouvement social doit donc avoir un programme politique appelant autant à des principes généraux qu'à des intérêts particuliers. Mouvement social et démocratie sont indissociables : un MS repose toujours sur la libération d'un acteur social, sur la non-violence, la civilité et l'affirmation (il propose et ne nie pas). La démocratie est un système de médiation politique : pour rendre notre société consciente de ses orientations et de ses conflits, le mieux à faire est d'orienter les revendications vers ce système politique. [...]
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