Parmi les nombreux facteurs invoqués pour interpréter la délinquance des mineurs, on compte l'hérédité, la personnalité, l'urbanisation, l'inégalité économique, les médias de masse, la démographie, l'organisation familiale, l'usage de drogues, le comportement des victimes potentielles, l'accessibilité et la vulnérabilité des cibles…
Il serait tentant, vu que les taux de délinquance en France et aux Etats-Unis sont proches, d'appliquer dans notre pays la solution américaine qu'est la tolérance zéro. Mais encore faut-il être sûr que les deux systèmes soient compatibles. Il faut aussi savoir si notre politique de prévention est vraiment adaptée. Est-il possible de se contenter d'améliorer les conditions sociales et économiques des plus défavorisés ou doit-on lutter très tôt contre tous les comportements qui peuvent conduire à la délinquance ?...
[...] Par conséquent, une incivilité ne peut pas être un fait jugé grave. Dans différentes enquêtes réalisées (aussi bien françaises qu'européennes), les comportements qualifiés d' incivilités sont ceux jugés les moins condamnables. Ces enquêtes montrent également que le jugement sur la gravité d'un fait est fonction de la perception par le public de l'atteinte à l'intégrité physique, avérée et anticipée, les pertes monétaires, l'usage de la violence comme moyen d'action, la vulnérabilité de la victime et l'intention coupable de l'auteur, ce qui revient, par exemple, à distinguer la blessure selon qu'elle est la conséquence d'un accident ou d'une volonté de frapper la victime. [...]
[...] Comme il fallait prendre en compte la perception de la population, les désordres (ou incivilités car, rappelons-le une nouvelle fois, Sebastian Roché les rend synonymes) devaient être traités. Le terme "incivilité", souvent pris, à tort d'ailleurs, pour un synonyme d'"incivisme", permet donc aux acteurs [c'est-à-dire aux professionnels de terrain] de désigner des troubles sans les assimiler à des délits, les autorisant ainsi à faire écho aux préoccupations des habitants concernant les problèmes de la vie quotidienne. (page 128) L'expression violence urbaine n'aura pas beaucoup de sens si elle devait être prise au sens propre : dire qu'il y a des violences, c'est rester flou ; et dire qu'elles sont urbaines paraît être une évidence car la France est urbanisée à plus de En fait, au Ministère de l'Intérieur, cette expression sert à décrire les actes de violences contre des institutions (jets de pierre sur une voiture de police, par exemple) puis de les inscrire sur une échelle dont les degrés traduisent leur intensité. [...]
[...] * Incivilités, vols et agressions chez les jeunes Les enquêtes de délinquance auto-déclarée consistent à faire décrire, par un échantillon représentatif d'une population, ses comportements au cours d'une période de référence donnée, en l'occurrence les deux dernières années. Les résultats sont anonymes. Les résultats de cette enquête montrent une corrélation entre la fréquence des désordres dans l'environnement immédiat du logement et les différents comportements déviants commis, à savoir les vols, les agressions, le port d'arme, les déprédations. Il y a plus de désordres dans les espaces publics là où les jeunes en commettent plus souvent. [...]
[...] Comme principe, plus on tolère les désordres, moins on se confronte à la question des règles communes, des règles de vie. Si les hommes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un mode de vie, ils l'évincent et réagissent alors individuellement. Parce qu'ils n'arrivent pas à réfléchir ensemble sur ce qui est acceptable ou pas, certains individus rejoignent alors des lieux où il y a des personnes qui leur ressemblent. La mixité sociale s'atténue alors car les couches sociales moyennes migrent vers de nouveaux espaces alors que les plus défavorisés restent concentrés dans les grands ensembles (type des cités Qu'est-ce qui favorise la croissance des incivilités ? [...]
[...] (page 88) Pour les professionnels, les incivilités remettent en question leurs conditions de travail, la considération dont ils sont l'objet de la part de leur employeur, des autres personnes exerçant une activité ou résidant dans le même espace. Les dégradations sont un manque de respect du matériel commun et elles découragent ceux qui doivent entretenir les espaces communs : la question de la reconnaissance de leur travail et de son sens se pose à eux, et ils la retournent vers leur environnement social et professionnel. [...]
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