Pourquoi consomme-t-on ? Pourquoi se sent-on obliger d'acheter des biens qui quelque temps plus tard nous paraitront inutiles et dérisoires, nous poussant à acheter et consommer d'autres biens ? Pourquoi peut-on parfois curieusement constater que plus objet est cher, plus ses ventes augmentent ? Thorstein Veblen, économiste et sociologue américain s'intéresse à cette partie inconsciente de l'économie : les motivations d'achat des consommateurs et plus particulièrement les motivations de la noblesse, et de la bourgeoisie de son époque. C'est dès 1899 que l'on voit apparaître la notion de consommation ostentatoire.
Veblen propose donc une analyse sociologique de ce qu'il appelle la classe de loisirs. Classe dispensée de la contrainte du travail et à l'abri du besoin financier, cherchant sans cesse à paraître toujours plus puissante et fastueuse. Il constate que même si les individus qui constituent cette classe sont différents au cours des décennies, il considère que cette classe a toujours eu besoin de gaspiller temps et biens.
[...] Dans certains cas, certains biens consommés peuvent paraître inutiles pour l'individu, mais progressivement celui-ci peut se rendre compte que ces biens sont en fait indispensables tout comme n'importe quels autres biens de la vie courante. Ce processus advient lorsque la convention admet que tel ou tel objet devient indispensable au quotidien. (Veblen cite pour exemple les tapis et tapisseries, l'argenterie ou encore les chapeaux hauts de forme). On constate donc que les consommations ordinaires de biens reposent sur une convention qui se charge d'admettre quels objets sont utiles et lesquels ne le sont pas : cette coutume peut s'apparenter à la mode. [...]
[...] Plus cette consommation est excessive et visible aux yeux de tous, plus le bourgeois montre sa puissance financière et plus il expose sa réussite sociale qui lui donne la clé de la reconnaissance envers ses pairs. Ceci n'est possible que dans les villes, où chaque individu est anonyme, la société fréquente des lieux (de l'église au théâtre) uniquement pour y afficher sa richesse. Dans les campagnes, souligne Veblen, tout le monde connaît les affaires de tout le monde, surtout la situation pécuniaire Ce mode de consommation ostentatoire conduit à un cercle vicieux : en effet, chaque bourgeois tente de renchérir sur son confrère en relevant ainsi toujours plus haut le niveau de la consommation ostentatoire et des dépenses. [...]
[...] On pourrait donc dire que cet extrait de la Théorie de la classe de loisir illustre la notion de gaspillage qu'entend Veblen. En effet, il a été expliqué qu'il ne faut pas comprendre le terme gaspillage de façon péjorative. Un bien gaspillé peut être en fait, utile à celui qui le consomme. Certains passages de cet extrait, à première vue, par leurs caractères descriptifs et redondants peuvent paraitre inutiles, ils sont donc gaspillés au détriment d'une réflexion absente. Mais l'on se rend compte que ces passages sont en fait utiles à l'auteur dans son processus d'analyse. [...]
[...] Thorstein Velblen - La consommation ostentatoire in "Théorie de la classe de loisir" Pourquoi consomme-t-on ? Pourquoi se sent-on obligé d'acheter des biens qui quelque temps plus tard nous paraitront inutiles et dérisoires, nous poussant à acheter et consommer d'autres biens ? Pourquoi peut-on parfois curieusement constater que plus l'objet est cher, plus ses ventes augmentent ? Thorstein Veblen, économiste et sociologue américain s'intéresse à cette partie inconsciente de l'économie : les motivations d'achat des consommateurs et plus particulièrement les motivations de la noblesse, et de la bourgeoisie de son époque. [...]
[...] En effet, le bourgeois ayant des obligations à son travail, sa femme devient en quelque sorte la vitrine de sa puissance pécuniaire. La femme qui était auparavant un objet de son mari, une source de production de bien de luxe, devient maintenant elle-même la consommatrice des richesses produites par son mari. Veblen constate donc, à travers ce portrait sociologique, une évolution des classes sociales, mais aussi un élément qui reste permanent malgré ces transformations : le gaspillage de biens. II. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture