Fiche de lecture détaillée et approche critique du livre de Charles Taylor « Multiculturalisme, différence et démocratie », Aubier, 1994.
[...] Par conséquent, ce qui divise les groupes conçus comme des groupes culturels et non plus comme groupes sociaux c'est la différence entre eux. Sous le prisme d'un pluralisme culturel abstrait basé sur la tolérance mutuelle celle-ci, à son extension logique, implique la tolérance des groupes opprimés face aux points de vue dominants la domination reste hors du débat50. L'inégalité et la hiérarchisation qui régissent les rapports sociaux s'effacent progressivement en vertu de l'utilisation du concept de culture. Ceci conduit Claude Karnoouh à conclure ainsi : Les discordances et les conflits sociaux sont culturalisés et réciproquement la culture est politisée La culture est donc devenue le vecteur de la dynamique politique en renversant les termes du jeu. [...]
[...] Reconnaître une valeur égale à toutes les cultures équivaut à les laisser survivre et à reconnaître leur mérite. Ce qui est nouveau, c'est que l'exigence de reconnaissance est à présent explicite. Pour TAYLOR, le lieu essentiel du débat lié à cet enjeu de reconnaissance des minorités culturelles est le monde de l'Education . Elargir le Curriculum Studiorum , revisiter les images TAYLOR propose notamment élargir le canon des auteurs académiques enseignés dans les universités. Une place plus grande pourrait être accordée aux oeuvres produites par des femmes ou des auteurs issus de cultures non-européenne . [...]
[...] CONCLUSION Dans son propos sur le multiculturalisme, Charles TAYLOR traite avec une égale considération des deux principes égalité et de reconnaissance des spécificités. Au nom de l'égalité, il s'oppose à toute forme de discrimination , mais pose en parallèle la nécessité vitale pour l'homme d'être restauré dans son identité culturelle lorsque celle-ci a été niée, et d'en valoriser les représentations. Le concept de discrimination positive s'il peut alors prendre sens, s'inscrit dans une dialectique de la représentativité. C'est cette dialectique de la représentativité, forcément contextuelle, qui permettra de rendre compte, de la manière la plus authentique, de la diversité profonde des sociétés contemporaines. [...]
[...] De plus, une culture très différente nous semblera étrange et peu familière. Nous n'avons qu'une idée très confuse, à priori, de la valeur de sa contribution. On ne peut aborder l'appréciation un Ragga indien sur les même critères que ceux validés à l'écoute du clavecin bien tempéré. Il doit se produire un mélange d'horizon qui nous obligerait à nous déplacer dans un horizon plus vaste, en considérant comme allant de soi qu'il existe d'autres possibles culturels. Ce processus d'adaptation conduirait à créer une nouvelle grammaire comparative, induisant un nouveau vocabulaire, ce qui équivaudrait à une transformation profonde de nos critères d'évaluation. [...]
[...] Depuis des siècles, si l'on en croit la culture institutionnalisée, toute créativité, toute valeur semble avoir été l'apanage exclusif des mâles d'origine européenne ironise TAYLOR. Des études menées sur les noirs et les femmes aux USA montrent que les groupes amenés à intégrer une image dépréciative d'eux- même perpétuent l'offense par l'autodépréciation : la dépréciation systématque a constitué une arme des plus efficaces pour faire en sorte qu'ils entretiennent leur propre oppression. Une analyse similaire peut être faite pour les peuples indigènes et les peuples colonisés : depuis 1492, les européens ont entretenu une image inférieure, non civilisée de ces populations. [...]
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