L'auteur, P. Birnbaum, cherche à travers cet ouvrage à analyser les mutations réelles ou présumées de la classe dirigeante française et à répondre au mythe de la technocratie, sensée être un puissant vecteur d'ouverture et de démocratisation de la classe dirigeante.
Celle-ci est en réalité demeurée très homogène, même si elle fait preuve d'une grande mobilité intergénérationnelle et intergénérationnelle.
Dans un chapitre premier, il s'intéresse plus particulièrement aux dirigeants du secteur privé, et répond à cette question : les "loyaux technocrates méritants" ont-ils évincé les patrons traditionnels du pouvoir économique crée par les entreprises?
En effet, si l'on observe les statistiques de mobilité professionnelle de 1954 à 1974, trois remarques peuvent être formulées d'après P. Birnbaum : on note tout d'abord un déclin des patrons de l'industrie et du commerce, puis une légère croissance de la proportion des PDG dans ce même secteur, et enfin une très nette progression de la catégorie "cadres supérieurs". A quoi sont du ces changements, et en particulier le prétendu déclin des patrons?
L'auteur note deux causes à cette régression de la classe patronale traditionnelle, à la tête d'entreprise familiale dont ils sont propriétaires: ce phénomène peut d'abord s'expliquer par les simples mutations des structures économiques de la France à cette époque, mais aussi par les relations qu'entretient cette catégorie avec celle des PDG et des cadres supérieurs.
Il est vrai que la France entre 1954 et 1974 a connu de grands changements au niveau des structures entrepreneuriales, du fait de la concentration des entreprises résultant de la mondialisation des échanges internationaux notamment, et de la concurrence accrue entre elles : les petites entreprises familiales ont donc été absorbées par la stratégie de fusion, ou bien vouées à la faillite. D'où une diminution physique du nombre de patrons. Cela n'a pourtant pas suffi à éradiquer la classe patronale, qui demeure présente dans des secteurs où la concentration est moins rude, tel que le textile ou l'industrie alimentaire.
Mais, pour P. Birnbaum, cette classe patronale n'a pas disparu, comme le veut la théorie de Galbraith selon laquelle les patrons sont remplacés par des dirigeants salariés engagés pour leurs compétences uniquement. En réalité, les patrons se sont uniquement reconvertis, statutairement et juridiquement : ils sont devenus pour certains des PDG (car cela confère nombre d'avantages sociaux), ou bien cadres supérieurs.
[...] Elle se base sur l'étymologie du mot italien "aristocrazia", qui signifie "gouvernement des meilleurs". L'élite est donc ici l'ensemble de ceux qui sont les meilleurs, "the most strongest, the most enrgic, and most capable for good as for evil" (p.36). Il présuppose également que ce phénomène élitiste a toujours existé ("except during short interval of times, peoples are always governed by an elite" p.36), et que le seul mouvement notable est celui du remplacement des "vieilles" élites par de nouvelles, qui utilisent des méthodes typiquement démagogiques pour y arriver, en prétendant incarner l'intérêt du plus grand nombre alors que c'est uniquement du leur qu'il s'agit. [...]
[...] Ce que démontre Mills, c'est que ces hommes sont forcés d'agir de concert pour amplifier leur pouvoir, ce qui passe par la multiplication des contacts entre ces trois domaines de pouvoir, par l'interchangeabilité des postes et des hommes, et par une coopération explicite au sein de cette élite. Ils ne coopèrent pas parce qu'ils sont issus d'une même classe sociale, ou parce qu'ils ont les mêmes modes de pensée . mais parce que chaque décision dans un domaine a des répercussions sur celle des autres. Les hommes décident donc de s'unir, de se concerter, pour créer l'élite américaine. De ceci découle une "entité sociale et psychologique plus ou moins compacte; ils sont devenus les membres conscients d'une classe sociale" (p.15). [...]
[...] En effet, il met en évidence le concept de mémoire sociale qui veut que le parcours professionnel soit en relation directe avec la profession du père et la classe sociale. Par exemple, chez les hauts fonctionnaires, les fils de fonctionnaires (petits et moyens notamment) auront plus tendance à ne pas pantoufler, au contraire de ceux dont le père était dans le secteur privé. Il explique ceci par le fait que l'État représente une sécurité qui, alliée à la mémoire sociale, empêche toute velléité de pantouflage. [...]
[...] Les individus de l'échelon intermédiaire (petits propriétaires urbains et ruraux, syndicats ouvriers . ) sont incapables de s'unir pour influencer le pouvoir, et sont donc intégrés dans un "système d'impasse semi-organisé"; et, lorqu'ils y parviennent, c'est par le biais du Congrès américain, institution qui vise à faire croire que les décisions résultent des checks and balances, d'un dialogue de l'élite avec ces politiciens et groupes de pression, mais où en réalité, chaque groupe de pression en neutralise un autre, laissant la place à une neutralié profitable aux élites. [...]
[...] Chez le second, c'est une question d'intérêts: l'unité est volontaire et consciente, parce que l'on gagne à se concerter tout simplement. Chez Pareto, bien qu'il ne dise rien sur l'unité ou non de l'élite, son processus de formation laisse à penser qu'elle est à la fois divisée (entre ancienne et nouvelle élite) et unie (à l'intérieur de chaque sous-catégorie élitiste, puisqu'elles proviennent d'une même classe sociale). Chez Mills, on trouve une dimension très importante que l'on ne retrouve pas chez les autres auteurs: celle du pouvoir et de ses conséquences, comme le prestige et la célébrité. [...]
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