Les structures sociales de l'économie. Pierre Bourdieu

Résumé du document

Paru en 2000 dans la collection dirigée par ses soins, Les structures sociales de l'économie est l'un des derniers ouvrages publiés du vivant de Pierre Bourdieu. Dès l'introduction, Bourdieu annonce son projet : il s'agit de dénoncer les faiblesses de l'économie, qui se révèle incapable de décrire et d'expliquer pertinemment les faits économiques. En effet, l'économie compte trois défauts majeurs

Extraits

[...] Pour agir, les novateurs utilisent un outil de légitimation essentiel : la commission. Au sein d'une commission, la minorité agissante se voit immerger dans un collectif ; elle devient un groupe de pression légitime investi d'une mission. Elle n'incarne plus l'intérêt particulier des jeunes loups, et peut donc se battre pour le contrôle du pouvoir de l'Etat. Ce pouvoir est avant tout celui d'interdire. L'Etat détient le monopole de la violence symbolique légitime (toutes les réflexions sur l'Etat sont parsemées de références explicites à Max Weber) ; ainsi, un architecte départemental peut bloquer un projet pour des problèmes esthétiques laissés à son appréciation. [...]

[...] Le contrat est bel et bien encastré dans un ensemble d'enjeux et de mécanismes qui ne peuvent en aucun cas se réduire à la raison calculatrice. Conclusion Le petit-bourgeois en puissance accède à la propriété au prix de tels sacrifices que, après avoir attendu des miracles des banques, il continue à voter pour des partis défendant les classes populaires. De même, l'habitat individuel auquel ils accèdent est faussement individuel, ne pouvant pas offrir l'isolement des quartiers bourgeois. Comme il n'offre pas non plus la solidarité des vieux quartiers ouvriers, les nouveaux propriétaires vivent dans des espaces socialement homogènes mais sans communauté d'intérêts ni d'affinités. [...]

[...] Quoi qu'il en soit, et malgré ces quelques remarques, Les structures sociales de l'économie est un très bon ouvrage de sociologie. On y trouve l'engagement théorique de celui qui a créé un modèle, et qui ne se cache pas derrière la masse des données empiriques pour refuser d'émettre quelque jugement que ce soit. On y trouve la diversité des matériaux (entretiens, observations, statistiques, documents visuels) et leur utilisation heureuse, ce qui est indispensable pour produire un travail sociologique de haut niveau. [...]

[...] Ainsi, il affirme que la commission est un moment essentiel de la vie bureaucratique, puis ne reparle plus de cette idée, avant d'y consacrer une sous-partie entière De même, il utilise l'idée selon laquelle tout n'est pas contractuel dans le contrat dès le chapitre alors qu'il s'agit du thème et du titre du chapitre 4 Bref, Bourdieu utilise des concepts et des idées avant de les avoir solidement posés et explicités. Certes, il fait ce travail après-coup, et donc cet ouvrage garde la grande rigueur qui caractérise ses œuvres. Mais ce mode d'écriture reste assez cavalier. On peut aussi s'interroger sur certains choix de Bourdieu. Dans le premier chapitre, il prend soin de rattacher ses conclusions à son projet de critique de l'approche économique des faits économiques. [...]

[...] Cela est important, car les agents d'un champ sont avant tout définis par leurs propriétés différentielles. Le champ permet d'unifier un espace extrêmement diversifié, les producteurs de maisons individuelles allant de l'artisan local qui construits quelques maisons par an à Bouygues ou Maisons Phénix qui en réalisent quelques milliers, et ce d'autant plus que Bourdieu n'étudie pas les producteurs haut de gamme comme Kauffman & Broad ou Garnier Mais plus que la taille des entreprises, c'est le poids des différentes activités au sein de celles- ci qui permet de les différencier. [...]