Gilbert Durand, né en 1921, est un anthropologue français. Ses travaux ont l'ambition de réhabiliter deux domaines souvent ignorés dans les sciences sociales : l'imaginaire et la mythologie. Ses travaux ont eu un retentissement international et son laboratoire, le Centre de Recherche sur l'Imaginaire, est le centre névralgique de plus d'une soixantaine d'équipes de chercheurs.
Sa thèse d'État, "Les structures anthropologiques de l'imaginaire", soutenue en 1969, montre que l'imaginaire humain possède une dynamique créatrice articulée autour de deux régimes de l'image, diurne et nocturne. Le texte suivant constitue la synthèse de l'introduction et du livre III de sa thèse. L'introduction met en avant la méthode ainsi que les éléments épistémologiques autorisant cette recherche. Le livre III tente de saisir quel est le sémantisme général de la « fonction fantastique », qui n'est autre que l'aptitude proprement humaine à imaginer. Quant aux livres I et II, qu'on n'a pas abordés ici, ils sont consacrés à la description minutieuse des deux régimes de l'image.
Extrait de cette synthèse : "Durand propose de revenir à une phénoménologie naïve, « préparée par un long désintéressement scientifique ». L'analogon constitué par l'image est toujours intrinsèquement motivé, c'est-à-dire toujours symbole ; en ce sens, elle diffère radicalement du signe. L'auteur reprend les deux intuitions de Bachelard sur le symbolisme imaginaire : "L'imagination est dynamisme organisateur et facteur d'homogénéité dans la représentation". L'imagination ne forme pas les images, mais "déforme les copies pragmatiques fournies par la perception". Il y a cohérence, mais pas confusion entre le sens et le symbole, car la cohérence s'affirme en une dialectique."
[...] Betcherev découvre deux dominantes chez le nouveau-né humain : - dominante de position qui coordonne ou inhibe tous les autres réflexes quand on dresse le corps de l'enfant à la verticale ; - dominante de nutrition : réflexe de succion labiale ; - dominante copulative : affirmée de façon plus vague par Betcherev. Une dominante à mettre sous le signe du rythme. Notons qu'il peut y avoir anastomose entre la dominante de nutrition et la dominante copulative. Durand admet ces trois dominantes, chaînons intermédiaires entre les réflexes simples et les réflexes associés comme matrices sensori- motrices dans lesquelles les représentations vont s'intégrer. A ce niveau les grands symboles vont se former par une double motivation qui va leur donner un aspect impératif de surdétermination. [...]
[...] Intimations anthropologiques, plan et vocabulaire Durand va rechercher dans l'environnement technologique humain un accord entre les réflexes dominants et leur prolongement ou confirmation culturelle. Un minimum de convenance est exigé entre les deux. La vigueur du symbole provient d'un accord entre les pulsions réflexes du sujet et son milieu. Le sociologue veut saisir la complexité de l'objet symbolique en partant des grands gestes réflexologiques afin de débrouiller les réseaux et les nœuds que constituent les fixations et projections sur les objets de l'environnement perceptifs. [...]
[...] La fonction fantastique est bel et bien une fonction d'espérance. Il reste à résumer les modalités mêmes de l'activité fantastique de l'Esprit. Chapitre 3 : Le schématisme transcendantal de l'euphémisme Les points cardinaux de l'espace fantastique recoupent les catégories structurales utilisées par Gilbert Durand. Chaque structure principale de l'imagination dicte une syntaxe et même une logique. Le discours est un moyen terme constituant un schématisme transcendantal. La rhétorique assure le passage entre le sémantisme des symboles et le formalisme de la logique. [...]
[...] Du fait du sémantisme des images la classification est compliquée. Durand va décrire différentes classifications déjà faites et montrer leurs limites : Krappe subdivise les mythes et symboles en deux groupes : céleste et terrestre. Eliade suit sensiblement le même plan, avec plus de profondeur cependant. Les deux auteurs fondent donc leur classification sur des normes d'adaptation au monde objectif mais terminent leur ouvrage sur des considérations qui les ramènent à une motivation psychologique des images. Bachelard comprend le rôle important de l'assimilation subjective et s'en tient à la théorie des quatre éléments (chaud, froid, sec, humide) ; il rompt toutefois cette symétrie quaternaire en écrivant cinq livres, apercevant notamment l'ambiguïté de la matière terrestre, et touchant ainsi une règle fondamentale de la motivation symbolique. [...]
[...] L'étude anthropologique de Durand a permis un élargissement du domaine de l'imaginaire. La fonction fantastique déborde le mécanisme du refoulement. Le symbole n'a pas pour mission d'empêcher une idée d'atteindre à la conscience claire, mais bien plutôt résulte de l'impossibilité de la conscience sémiologique, du signe, d'exprimer la part de bonheur ou d'angoisse que ressent la conscience totale face à l'inéluctable instance de la temporalité. p.457 L'image symbolique n'est pas sémiologie mais sémantique : sa syntaxe ne se sépare pas de son contenu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture