Sous-culture, Le sens du style, Dick Hebdige, sociologie du style, cultural studies, sous-culture punk, formation du style punk
Sous-culture, Le sens du style est un ouvrage qui vise à faire, en somme, une sociologie du style, du punk et des sous-cultures qui y sont associés, l'auteur allant même jusqu'à esquisser les traits plus généraux de la sous-culture. C'est un ouvrage pionnier et novateur qui est à la fois historique, sociologique mais qui relève aussi de l'étude des arts, ici la musique, ou de l'anthropologie culturelle et de l'ethnologie. Il parait en 1979 alors que le mouvement punk, cœur de l'ouvrage en est à son apogée. L'auteur est donc placé autant en recul, par rapport à ce qui a pu présider à l'avènement du mouvement punk, que dans une écriture sur le vif. 1979, c'est aussi quinze années après la création du CCCS par Richard Hoggart et les cultural studies sont encore en plein développement. Avec une véritable mixité des disciplines et la recherche du lien entre cultures et rapports de domination cet ouvrage s'inscrit comme un ouvrage des cultural studies.
[...] Enfin, s'il est question d'histoire dans cet ouvrage, et donc d'une temporalité, il est aussi question de géographie, et ainsi de spatialité. Pour en revenir au tout début de l'ouvrage, on voit en effet que le punk ne naît pas nulle part. C'est dans les quartiers sud-ouest de Londres, aux abords de King's Road que celui-ci apparaît. Ces éléments de spatialité renvoient aux travaux de l'École de Chicago sur l'écologie urbaine. Les sous-cultures s'inscrivent ainsi dans un temps, une communauté, mais aussi un espace et par exemple pour le punk c'est la ville, dans des quartiers plutôt populaires. [...]
[...] Les premiers, eux, se rapprochèrent du reggae. De ce rapprochement naquirent les skinheads, au style prolétarien exacerbé, à l'agressivité essentielle. Les éléments les plus bourgeois du style mod disparaissaient au profit d'une identité prolétarienne, même lumpenprolétarienne. Le reggae s'y retrouve dans la musique, mais aussi dans l'identité rude boy des skinheads et dans l'imitation de ces Antillais issus des mêmes classes sociales qu'eux. C'est là un véritable dialogue entre 2 sous-cultures, celle des juvéniles prolétariens, et celle des Antillais, toutes deux issus du ghetto. [...]
[...] Le terrain d'enquête de D. Hebdige couvre principalement l'Angleterre post Seconde Guerre mondiale, de 1945 à l'avènement des Sex Pistols. Ainsi, le livre est écrit alors que le mouvement punk est encore à son apogée. Pour réaliser son travail il adopte une posture marxiste empruntant à de nombreux courants de recherche telle que la linguistique, la sémiotique, avec par exemple les travaux de Roland Barthes, mais aussi les travaux de ces prédécesseurs ou collègues dans le domaine des cultural studies, tel Stuart Hall. [...]
[...] Pour l'édition française, il est édité en 2008 aux éditions La Découverte, sous le titre de Sous-culture, Le sens du style. Si Dick Hebdige, né en 1951, est principalement sociologue, il se positionne aussi avec cet ouvrage comme un fondateur des cultural studies. En effet, il est un des chercheurs de l'École dite de Birmingham, une des écoles pionnières dans le domaine des cultural studies, avec notamment le Centre for Contemporary Cultural Studies (CCCS), dont faisait partie l'auteur. Ses thématiques de recherches portèrent notamment sur la sous-culture, la musique contemporaine, l'art et le design et sur les médias. [...]
[...] Enfin, on ne peut pas penser la sous-culture sans parler du concept de culture et ici Dick Hebdige la prend dans son acception la plus large. La notion de culture est toujours relativement ambigüe et désigne tant un processus d'apprentissage que le résultat de celui-ci. Mais, contrairement à une culture comme norme d'excellence (avec l'idée d'une grande culture), l'auteur la considère ici comme renvoyant à l'intégralité d'un mode de vie En cela c'est lié au signe et à sens du signe selon Barthes. [...]
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