Cet ouvrage est issu d'une enquête par observation et par entretien dans une communauté d'immigrés soninké en France (originaire d'un même village nommé par l'auteur Sooninkara) résidant pour la plupart dans un foyer pour travailleurs immigrés de Paris ou dans deux sites résidentiels. Mais l'auteur a aussi récolté ses données dans divers autres endroits où ses activités associatives le menaient. Car l'auteur est lui-même un soninké (urbain), et s'il a pu s'intégrer dans le foyer de la communauté soninké c'est parce qu'il y appartenait de droit, son père étant originaire du même village.
Dans ce travail, il traite des rapports sociaux, des situations migratoires et des stratégies identitaires des immigrés dans l'espace résidentiel et l'espace professionnel, en cherchant à savoir comment ces deux espaces s'articulent. Il pose la question de l'insertion des familles soninké dans l'espace urbain et des logiques identitaires qui l'accompagnent
[...] Les Soninké sont une ethnie d'agriculteurs vivant entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, ils ne sont pas organisés politiquement à l'échelle de l'ethnie ou au plan national. Le pouvoir est réparti dans les villages uniquement par un système ordres politiques et de castes (donc endogames), en gros il y a d'un côté les artisans et les nobles (hooro : parmi lesquels on trouve les chefs et les marabouts) qui sont libres, et de l'autre les serviteursesclaves (komo). Le ka est la famille patrilinéaire élargie, l'unité de résidence, production (agricole) et consommation. [...]
[...] Les statuts traditionnels sont plus pris en compte par ceux qui en tirent profit, c'est à dire les chefs et les marabouts, alors que les komo veulent plus de démocratie dans la communauté. Il y a souvent des contestations (par tout le monde) de l'organisation sociale lors des conflits, mais elles en restent au niveau de la parole car les individus sont tellement fortement intégrés dans le réseau familial et villageois qu'ils conçoivent difficilement autre chose, même si le système n'a plus de signification économique (vu qu'il n'y a plus d'agriculture), et parce qu'il y a une volonté de vivre ensemble. [...]
[...] Il implique l'accès à un logement en dehors du foyer et une stabilité de l'emploi. L'unité de résidence et de consommation des communautés soninké disparaît alors, et la vie des ménages reste plus ou moins fermée avec une autorité quasi exclusive du chef de famille. La médiation des institutions lors des conflits matrimoniaux montre bien que le village n'arrive pas à s'occuper des ménages, les chefs de famille supportant mal ces ingérences de l'Etat dans leurs affaires d'ailleurs et renforcent alors leur contrôle. [...]
[...] En fait, ils ne veulent pas choisir entre l'une ou l'autre appartenance. Les femmes sont coupées géographiquement du reste de la communauté villageoise (le foyer) et des autres femmes souvent. Les contacts avec la communauté villageoise ne sont cependant pas coupés, mais sont surtout le fait des hommes, ils se font les week-ends, lors de décès ou fêtes. Les femmes ne pouvant pas se déplacer toutes seules dans la cité, elles restent en contact surtout par téléphone avec les autres femmes du village. [...]
[...] L'auteur conclut par une extrapolation sur le futur de l'immigration Soninké en France, sur le fait qu'à terme, les Soninké vont fusionner dans le creuset français, un creuset à voir de façon dynamique car l'identité française évolue continuellement. Discussion critique M. Timera, grâce à ses racines a pu intégrer facilement les communautés soninké et nous en donner une description et une étude qu'un sociologue français aurait pu difficilement faire (d'ailleurs, il est le seul à traiter des communautés villageoises soninké de l'intérieur). [...]
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