« La vieillesse n'est-elle qu'un mot ? » aurait pu se demander Pierre Bourdieu . La vieillesse est, en effet, difficile à définir, tant se recouvrent ou s'opposent une série de termes, tous sources d'enjeux : personnes âgées, vieillards, troisième âge, quatrième âge, aînés, retraités, seniors, etc. Il n'est guère simple de déterminer le seuil de la période de la vie communément appelée vieillesse. Justement, c'est là que dans le sens commun, le bât blesse, ou que comme l'aurait écrit Durkheim , il y matière à prénotions. Si la catégorie statistique des « personnes âgées» fixe le seuil à 60 ans, bien des sexagénaires refuseraient un tel classement. Une seule certitude pour commencer, la vieillesse s'est profondément transformée. Désormais, elle est devenue pour tous, bien qu'avec de profondes inégalités, une étape normale de l'existence. Les systèmes de sécurité sociale associés aux progrès considérables de la médecine ont permis d'augmenter la durée de la retraite. (...)
[...] En se définissant contre la vieillesse, le troisième âge» a laissé de côté la partie la plus âgée de la population. Un temps appelé quatrième âge cet ensemble a bientôt été identifié aux personnes âgées dépendantes destinataires d'un nouveau dispositif de politique sociale. Ce sont les médecins gériatres qui, dans les années 1970, ont les premiers parlé de dépendance à propos des déficiences physiques des personnes âgées. Au début des années 90, c'est le terme senior qui apparaît. Lui vient tout droit du monde du marketing. [...]
[...] La part croissante de la population âgée et sa désignation comme cible des politiques publiques, dès les années 1960 avec le rapport Laroque en particulier, ont attiré l'attention sur ce groupe, suscitant les contributions des sociologues et la mise en place de programmes d'étude. La théorie sociologique s'est également pluralisée, l'appartenance de classe n'étant plus considérée comme omnisciente et totalisante. Les travaux se sont davantage centrés sur les vécus individuels du vieillissement. Ainsi, on ne parle plus de la vieillesse comme d'un état, mais comme d'un processus. [...]
[...] De la même manière, les universités du troisième âge ont connu l'engouement des classes moyennes. Le mouvement revendicatif des retraités est porté par les sections syndicales d'anciens salariés d'une part, et par les fédérations d'associations de retraités qui, contrairement aux syndicats, se veulent les porte-parole des retraités en tant que groupe social portant des enjeux propres. Ainsi, Jean-Philippe Viriot-Durandal[8] montre que ces fédérations ont élargi leurs actions en réaction aux politiques publiques menées dans les années 1980 et 1990, dans le but d'obtenir une revalorisation des pensions, ou pour s'opposer à l'application de la CSG sur ces pensions au motif de l'absence de contrepartie qui concerne uniquement la baisse des cotisations sociales des actifs. [...]
[...] Cet ouvrage présente en trois chapitres, les trois objets principaux de la sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Tout d'abord l'étude de la construction sociale de la vieillesse, de ses représentations, et de rapports intergénérationnels qu'elle met en forme. Ensuite, il s'agit de la présentation du groupe des personnes âgées L'hétérogénéité de ses conditions et modes de vie pose le problème de la définition de ce groupe, conduisant à une typologie plus complexe. Enfin, il s'agit des études analysant la vieillesse au regard de l'expérience individuelle, de l'évolution du rapport au monde social et des étapes de ce processus. [...]
[...] Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Vincent Caradec La vieillesse n'est-elle qu'un mot ? aurait pu se demander Pierre Bourdieu[1]. La vieillesse est, en effet, difficile à définir, tant se recouvre ou s'oppose une série de termes, tous sources d'enjeux : personnes âgées, vieillards, troisième âge, quatrième âge, aînés, retraités, seniors, etc. Il n'est guère simple de déterminer le seuil de la période de la vie communément appelée vieillesse. Justement, c'est là que dans le sens commun, le bât blesse, ou que comme l'aurait écrit Durkheim[2], il y matière à prénotions. [...]
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