Tout l'enjeu du livre de Patrick Dubéchot est de montrer comment il est possible de remédier au constat qu'il dresse, à savoir que trop souvent, la sociologie et le travail social s'observent à distance sans parvenir à se rencontrer véritablement. Pour guider sa démonstration, l'auteur, dont le parcours professionnel lui permet d'avoir une connaissance approfondie de ces deux champs d'activité, reprend à son compte la question que Bernard Lahire adressait à la sociologie pour l'appliquer au service social: à quoi la sociologie peut-elle servir pour le travail social?
[...] Reconnaissons néanmoins la difficulté d'adopter ce type de démarche pour des métiers qui travaillent souvent, pour ne pas dire toujours, dans l'urgence. De la même manière, l'auteur tente de montrer comment à partir des nouveaux cadres du travail social liés notamment au développement du chômage, la sociologie serait en mesure de redéfinir un nouvel espace d'intervention, entre sociologie critique et sociologie d'accompagnement. Tout le mérite de cet ouvrage, qui ne se veut pas et qui n'est pas un manuel de vulgarisation sociologique à l'usage des travailleurs sociaux, est de montrer que finalement tout reste à faire pour que le dialogue entre sociologues et travailleurs sociaux, débarrassés chacun de leurs préjugés respectifs, puisse enfin s'établir. [...]
[...] Pour guider sa démonstration, l'auteur, dont le parcours professionnel[1] lui permet d'avoir une connaissance approfondie de ces deux champs d'activité, reprend à son compte la question que Bernard Lahire[2] adressait à la sociologie pour l'appliquer au service social : à quoi la sociologie peut-elle servir pour le travail social ? Mais préalablement, en ayant recours à l'histoire de ces deux champs d'activité, l'auteur tente de comprendre pourquoi la sociologie et le travail social connaissent une aussi grande distance, voire parfois entrent en opposition, alors qu'a priori ils paraissent si proches notamment lorsqu'on prend en compte les conditions de leur naissance respective[3] ? Patrick Dubéchot date cette mise à distance respective des années 1950- 1960. [...]
[...] Or, il semble bien que ce soit cette conception du travail social, attachée non seulement à l'expérience au vécu et à la parole de l'acteur mais aussi au terrain à la pratique qui est le plus grand obstacle à lever auprès des travailleurs sociaux qui ne voient pas très bien à quoi [la sociologie] peut servir dans la pratique On mesure d'autant mieux cette difficulté lorsqu'on sait que ces derniers perçoivent majoritairement cette discipline comme peu accessible, ne pouvant tout expliquer à elle seule, et où l'individu est peu pris en considération. C'est donc conscient de cet écart entre une sociologie jugée trop théorique et un travail social considéré comme étant avant tout une pratique par les acteurs que Patrick Dubéchot essaie de définir des points de convergence. [...]
[...] Bernard Lahire, A quoi sert la sociologie Paris, La Découverte Il est en effet intéressant de constater qu'il existe une quasi synchronisation concernant la construction du champ professionnel du travail social et de celui de la sociologie et que ces deux disciplines ont connu également une difficile professionnalisation. Pour n'en citer que quelques uns : Jeanine Verdès-Leroux, Le travail social, Paris, Editions de minuit, collection Le sens commun Jacques Donzelot, La police des familles, Paris, Editions de minuit, collection Critique Laurent Mucchielli Le scandale des tournantes : dérives médiatiques et contre-enquête sociologique, Paris, La Découverte, collection Sur le vif 2005. [...]
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