Sociologie de la religion est un ensemble de textes écrits autour de 1913 par M. Weber à propos des religions. Cet ouvrage fait office de grand manuel synthétique. Finesse du regard, comparatisme font partie de ces grands traits de l'oeuvre de M. Weber.
Certaines religions, et en particulier le judaïsme, se sont approprié « les dispositions d'esprit économiques » (p.452) qui prennent la forme d'un attrait pour le commerce, sous ses différentes formes historiques. Le lien avec le capitalisme serait toutefois abusif compte tenu de la diversité des périodes concernées. Cela n'empêche pas que le commerce soit pratiqué d'une manière spécifique, on parlera volontiers d'une « éthique des affaires » (p.454) propre à certaines confessions. Dans le judaïsme, une distinction apparaît entre pratiques commerciales et économiques entre Juifs et envers les « étrangers ». Cette distinction paraît impossible pour d'autres groupes, comme dans le puritanisme. La question de la disposition d'esprit est centrale dans ce rapport entre les religions et le monde.
[...] La prophétie éthique (p.119) transforme le dieu devenu unique en un dieu supramondain, le monothéisme s'accompagne alors de l'universalisme dans ce cas. La magie ne disparaît pas avec l'évolution des croyances, des composantes magiques (p.124) apparaissent d'ailleurs dans le rituel du culte. Le magicien et le prêtre. Le prêtre cherche à faire intervenir les dieux en les vénérant, le magicien contraint les démons (ou les esprits) par la magie. Mais comme toute distinction sociologique, la distinction prêtre/magicien est fluide (p.125). Remarque intéressante : il n'existe pas de prêtre sans culte mais il peut exister des cultes sans prêtre. [...]
[...] Les voies de la délivrance et leur influence sur la conduite de vie. Les bonnes œuvres peuvent avoir plusieurs significations selon les raisons qui les ont entraînées. Un individu ne doit pas faire des bonnes œuvres dans un but précis, il doit accomplir un travail religieux [ ] sur sa propre personne (p.323). On pourrait parler d'un habitus spécifiquement religieux, d'orientation plutôt contemplative ou plutôt active selon les cas, qu'il aille dans le sens d'une plus grande intensité de vie ou encore d'une attitude devenue étrangère à la vie (p.324). [...]
[...] L'éthique religieuse. Le tabou. Dans un polythéisme, nous pourrions croire que l'opposition bien/mal fait que plus un dieu est bon, plus il est adoré. Cela ne se vérifie en fait pas toujours. Une partie des normes religieuses naissent dans les tabous, ces éléments que les religieux charismatiques ont d'abord conseillé aux hommes d'éviter. C'est la rationalisation du tabou (p.140) qui conduit à l'érection d'un système de normes. La rationalisation religieuse implique une autre donnée importante : si l'on connaît un échec, ce n'est pas que notre dieu est impuissant, c'est qu'il est en colère et qu'on a fait quelque chose qui a excité son courroux, la faute en incombe, autrement dit, aux péchés du peuple lui-même (p.148). [...]
[...] A l'instar des écoles philosophiques de la Grèce antique, des enseignements se mettent en place. L'intellectuel recherche une délivrance par rapport à la misère intérieure [ ] délivrance qui présente un caractère d'une part davantage étranger à la vie et, d'autre part, plus fondamental et systématique que la délivrance par rapport à la misère extérieure attendue par les couches non privilégiées (p.275). Une foi spirituelle semble se dégager d'une foi plus orientée vers le matériel. L'intellectualisme compris comme une étude de la Bible et des controverses dogmatiques a connu temporairement dans la culture anglo-saxonne une massification, mais il est généralement réservé à une élite. [...]
[...] Stände, classes et religion. Pour ce qui est de la paysannerie, la religiosité entretient un rapport étroit avec les choses de la nature et pendant longtemps, c'est auprès de ce groupe que la magie météorologique, la magie animiste ou le ritualisme (p.210) ont trouvé un point d'ancrage. En occident, le paysan peut avoir une image pieuse, ce n'est pas du tout le cas en extrême-orient. Le judaïsme s'est peu à peu citadinisé, dans le christianisme, le païen est tout simplement désigné comme l'homme de la Terre (paganus) (p.212). [...]
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