Etude du texte et fiche de lecture de Friedrich Engels, La Guerre des Paysans en Allemagne (Deutscher Bauernkrieg).
[...] Ces seigneurs avaient le pouvoir militaire et imposaient leur volonté, souvent d'une manière arbitraire. De l'autre côté, toute une superstructure religieuse s'est construite autour de la société féodale. Les prêtres, curés et évêques servent de bureaucratie administrant les besoins spirituels des individus, mais servent également à légitimer le pouvoir politique des seigneurs. En réalité, la classe ecclésiastique est elle-même une classe possédante, administrant en son propre nom des domaines rivalisant parfois de taille et de richesse. Pendant longtemps, le titre d'Empereur était une fonction élective, et les candidats devaient s'assurer le soutient de 4 parmi 7 grands électeurs, dont les Prince-Archevêques de Cologne et de Mayence. [...]
[...] Le protestantisme des révoltes paysannes voit la religion comme un instrument de liberté et de libération de l'emprise temporelle des seigneurs, spirituels ou temporels. Contradictions avec la pensée marxiste : Le matérialisme historique développé par Marx et Engels est un puissant outil d'analyse de l'histoire, mais également pour faire la sociologie des rapports de domination entre les classes sociales. Par son traitement essentialiste des mobiles des individus, qu'il réduit à des dynamiques de classe, il néglige l'effet important des normes et des faits sociaux adoptés par les individus. [...]
[...] En réalité, les révoltes paysannes du XVIème siècle, si elle partagent des aspects communs avec ceux de 1525, avaient une dimension religieuse importante, qu'Engels néglige sciemment. A la place, l'auteur offre une lecture en phase avec la doctrine du Matérialisme Historique développée par Marx. Pour Engels, la révolte paysanne est la première expression moderne d'une conscience de classe. En se révoltant contre les pouvoirs spirituel et temporel, les paysans prennent conscience qu'ils appartiennent à une classe sociale marginalisée, exploitée et opprimée. Ce sentiment d'injustice n'est plus particulier à un individu, famille ou village, mais à toute la population vivant de l'agriculture. [...]
[...] C'est ainsi qu'Engels définit la conscience de classe. En vérité, Engels souhaite justifier ce qu'il considère avec Marx comme un retard chez les Allemands dans le processus révolutionnaire en posant ces révoltes paysannes comme précurseurs des révolutions Anglaises et Françaises, respectivement. Engels soutient donc que grâce à la révolte paysanne en Bade et dans le Palatinat en 1525, près d'un siècle plus tard, les bourgeois puritains en Angleterre ont fait tomber Charles un monarque absolutiste de droit divin, et près de 170 ans plus tard, la bourgeoisie française – et surtout parisienne- a voué Louis XVI à un sort similaire. [...]
[...] Ces petits Etats étaient théoriquement soumis au Saint Empire Germanique, le successeur de l'empire fondé par Charlemagne en 800. La structure féodale en Allemagne[2] comme ailleurs en Europe était particulièrement pesante sur la classe paysanne. Dans la dialectique marxiste d'Engels, les paysans étaient des prolétaires : en effet, ces derniers ne disposaient pas des terrains qu'ils cultivaient, ni le bétail élevé, ou l'équipement utilisé pour leur 'activité agricole. De plus, les paysans étaient des Serfs, c'est-à-dire qu'ils étaient attachés à la terre qu'ils cultivaient, et ne pouvaient partir et s'installer dans un autre village sans l'accord du seigneur local. [...]
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