Dans le premier chapitre, il est question de l'histoire de la sociologie des professions en France et aux États-Unis. L'auteur cherche à savoir comment le regard sociologique des professions s'est construit. Commençant par la présentation des conceptions des professions pour les fondateurs de la sociologie l'auteur évoque ensuite « les trois regards successifs que la sociologie des professions a posés sur son objet, en tentant de saisir les conditions historiques du passage de l'un à l'autre » p. 13.
Le premier est l'approche des théories fonctionnalistes qui ont dominé la recherche dans la matière jusqu'aux années 50. Le deuxième, crée à Chicago à partir de la deuxième moitié du 20e siècle s'impose dans les années 60 et commence à s'exporter lorsque la sociologie des professions se développe dans d'autres pays, notamment dans le cas de la France. Le troisième regard dont l'auteur fait question est un « regard de gestation ».
L'auteur remarque que les trois grandes traditions sociologiques - allemande, française et américaine - se sont intéressées aux professions, mais sans pour autant en constituer un objet d'analyse.
Ainsi, Durkheim considère les professions à partir de la question de la régulation des activités sociales et de l'intégration de l'individu, point de vue venant de son ouvrage « De la division du travail social ». Il accorde également une place importante aux professions dans son livre « Le suicide » en comparant les professions à d'autres groupes sociaux pour faire ressortir leurs spécificités. « Plus les individus voient leurs besoins régulés par les groupes auxquelles ils appartiennent, moins ils sont enclins à se suicider : c'est le thème de la régulation sociale, dont le défaut est source de suicides anomiques » p. 15. Ainsi, Champy explique la position de Durkheim pour qui les professions interviennent pour rendre compte du degré de cohésion sociale dans nos sociétés.
[...] Le professionnel est cependant soumis à d'autres injonctions de rendre des comptes, qui viennent du management et des marchés p En effet, l'accroissement d'un contrôle managérial exogène au groupe professionnel se fait plus prégnant et se retrouve dans l'injonction de faire preuve de professionnalisme p Par ailleurs, la mise en place de régulations supranationales désarme les possibilités d'action des groupes professionnels, qui disposaient de ressources pour agir au niveau national, mais se trouvent parfois démunis face à ce nouvel échelon supranational. Enfin, la normalisation des activités économiques constitue, selon Florent Champy, la dernière menace. [...]
[...] Il consacre encore une partie de son ouvrage aux professions à pratique prudentielle et donc nous en parlerons encore plus tard. Dans la partie suivante du livre, l'auteur évoque l'unité des professions et la diversité des valeurs, pratiques, carrières et intérêts de leurs membres. Il s'agit de l'unité des professions soutenue par les fonctionnalistes et la diversité interne aux professions exposée par les interactionnistes. L'auteur explique que l'unité des professions est directement liée à celle de leur identité au cours du temps p Il introduit également le terme de substance qui se rapporte à l'identité propre des professions. [...]
[...] En effet, à étudier la diversité et les différences entre les membres d'une même profession, on perd l'unité qui en fait une profession. Au-delà de cette opposition l'auteur réunit le courant néo-marxiste qui a tenté de réintroduire la sociologie des professions dans les relations sociales (Terrence Johnson) et le courant néo-wébérien qui a permis d'envisager le statut de profession comme le résultat d'une lutte entre concurrents qui cherchent à défendre, voire à étendre, leur territoire (Abbott) et comme un processus de fermeture du marché (Larson ; Paradeise). [...]
[...] "La sociologie des professions" de Florent Champy Introduction Florent Champy, né le 24 septembre 1965, ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de sciences sociales et docteur en sociologie, est actuellement chercheur au C.N.R.S. (Centre de Sociologie des Arts) et enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales et à l'Institut d'études politiques de Paris. Ces nombreux travaux sont centrés autour des principaux thèmes de recherche tels que les professions et politiques du cadre de vie : architecture, paysage, urbanisme, design, l'histoire et épistémologie de la sociologie ou encore la sociologie de la connaissance, appliquée à la connaissance professionnelle et présentent quelques publications significatives. [...]
[...] Il évoque dans cette partie l'histoire de la sociologie des professions, cherchant à montrer les regards divergents sur les professions qui s'opposent. Puis, dans les trois chapitres suivants, il identifie de façon très claire les trois antinomies fondamentales entre les approches fonctionnalistes et interactionnistes visant ainsi à surmonter trois difficultés majeures de la sociologie actuelle des professions. La première contradiction qu'il aborde est la spécificité des pratiques et des savoirs professionnels en présentant les conceptions du travail professionnel qui se sont opposées depuis un siècle. [...]
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