Les auteurs abordent successivement ces différentes problématiques en considérant ces phénomènes comme le résultat d'une dynamique entre deux formes du social : le « social objectivé » et le « social incorporé ». Cette distinction est vraisemblablement empruntée à Pierre Bourdieu, dont les auteurs partagent sans le dire les théories sur l'éducation et la reproduction sociale et sur le « capital social ». La première forme, le « social objectivé », renvoie aux formes urbaines figées dans les bâtiments, à la morphologie de la ville, aux rues, aux monuments, etc., en tant qu'ils sont des marques de la position sociale des agents. Le « social incorporé » doit pour sa part être saisi dans les usages et perceptions de la ville qu'ont les agents, il est aussi désigné par la sociologie par les termes de disposition et d'habitus
[...] Ce changement de la structure sociale de la population s'accompagne de sa diminution ; le dépeuplement de Paris est parallèle à la baisse de la densité résidentielle à l'amélioration des conditions de logement et l'arrivée de catégories sociales plus aisées est à la fois la cause et la conséquence de l'amélioration des conditions de logement. Cette évolution, dans laquelle se substitue à une population d'ouvriers une population de classes moyennes aisées et travaillant dans les services (la gentrification s'accompagne d'une déprolétarisation de Paris) s'explique d'une part par la hausse du prix du loyer dans la capitale, et d'autre part par la désindustrialisation de Paris dont la présence des sièges de Canal + sur ce qui était le quai André Citroën est un signe parmi d'autres Les questions soulevées par ces phénomènes Cette mutation de la composition sociale de Paris soulève deux questions : Comment expliquer que Paris, devenue une ville bourgeoise, vote à gauche aux élections municipales en 2001 ? [...]
[...] De 1983 à 1995, Paris fait l'objet de la domination absolue d'une droite qui détient toutes les mairies d'arrondissement, alors que la majorité nationale est alors à gauche. A contrario, l'année 2002 voit l'arrivée d'un maire de gauche (Bertrand Delanoë) au pouvoir alors que ces élections municipales marquent un succès de la droite sur le plan national. Les auteurs expliquent ce paradoxe d'une victoire de la gauche en 2002, alors même que le constat est fait de l'embourgeoisement de la ville, par un faisceau de facteurs (loi électorale qui favorise les formations arrivées en tête dans une majorité d'arrondissements, effet Delanoë Mais ils mettent surtout en avant le fait que ces évolutions électorales ne sont en réalité pas contradictoire avec la gentrification de Paris. [...]
[...] Les premiers immigrés de Paris étaient les provinciaux (Auvergnats, Bretons). Au début du siècle arrivèrent les Belges et les Polonais, puis les Italiens et les Espagnols. La fin de la première guerre vit l'arrivée d'immigrés venant des colonies. C'est après 1945 que l'immigration devint majoritairement africaine, en provenance du Maghreb et d l'Afrique noire. L'immigration à Paris s'accompagne la plupart du temps par la réunion des immigrés d'une même communauté dans un même quartier, le plus souvent défavorisé, ainsi le quartier de la Goutte d'Or. [...]
[...] C'est donc tout un système de flux - flux de main d'œuvre, de déchets, de morts, qui relie Paris et sa banlieue - malgré le corsetage symbolique et administratif de la ville hérité des fortifications Thiers. Le social incorporé marque donc différemment les espaces, dessine un ensemble Paris- banlieue semblable à un organisme Paris ne saurait exister sans sa banlieue, il est le cœur d'une agglomération, mais un cœur ne saurait battre sans le corps qui le nourrit et qu'il nourrit Aussi, si nous commencions (dans la première partie) par rappeler la faible superficie de Paris pour une capitale, nous conclurons avec les auteurs sur l'hypothèse d'un Grand Paris qui passera par la réorganisation des circulations entre Paris et sa banlieue, par la coopération, voire par des fusions, qui auraient pour effet de réduire le décalage entre le découpage communal (social objectivé) et la vie réelle de l'agglomération (social incorporé). [...]
[...] Mais, à côté de la stabilité du bâti et des structures de la ville, on observe des changements dans les usages sociaux de la ville. Paris change, mais le social objectivé dans les formes urbaines change avec un temps de retard par rapport au social incorporé des agents Les mutations de Paris Les immigrations Paris a depuis deux siècles toujours connu une modification de ses habitants. La cause majeure en était l'immigration. Sa croissance démographique était près de deux fois plus importante que celle de la France au XIX° siècle. [...]
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