L'œuvre de Norbert Elias (1897-1990) excède largement les frontières de la sociologie pour englober l'histoire, la psychologie voire la psychanalyse, l'anthropologie, la science politique.
Il disait lui-même viser une « nouvelle révolution copernicienne de la pensée et de la sensibilité ».
[...] Et, le plus souvent, il s'agit même d'un sujet pour ainsi dire acosmique, tant son existence paraît indépendante de l'univers physique. Nous sommes là en présence d'une tradition curieusement égocentrique, dans laquelle le sujet individuel ne se préoccupe que de lui- même p.33) * Une longue série de philosophes a mis ses pas dans ceux de Descartes en reprenant et développant ce scénario ( ( Il interprète comme des propriétés non apprises de sa propre pensée, et ainsi de toute pensée, des concepts qui appartiennent au répertoire établi du langage et du savoir de son époque mais nullement de toute époque et qui, dans la forme où il les trouve, sont le produit des efforts théoriques et pratiques d'une longue chaîne de générations p. [...]
[...] Nous et moi * Le cas de Winston Parva montre que ce ne sont pas les qualités des individus qui sont déterminantes dans le traitement qui leur est accordé, mais seulement les propriétés supposées de leur groupe d'appartenance. Les relations de groupe à groupe on des répercussions sur le comportement des individus, et à plusieurs niveaux : - la stigmatisation opère sur les stigmatisés, en les amenant à intérioriser l'image qui leur est renvoyée d'eux, voire à s'y conformer dans leurs comportements - le renforcement positif de l'image de soi produite chez les établis par la circulation des médisances contre les marginaux a des répercussion concrètes sur l'autoperception et le comportement des individus pris dans cette circulation des stigmatisations : c'est le rôle de l'opinion, l'opinion de tout groupe jouissant d'un fort degré de cohésion a une influence profonde sus ses membres en tant que force régulatrice de leurs sentiments et de leur conduite p. [...]
[...] Cette chasse aux mythes, la dénonciation comme non fondés dans les faits des mythes véhiculant des représentations : voilà la tâche des sciences p. 58). Conclusion * Dans Norbert Elias par lui-même, Elias raconte un fantasme qui depuis longtemps le hante : Je parle au téléphone et la voix, à l'autre bout du fil, me dit “Pouvez-vous parler un peu plus fort, je ne vous entends pas.“ Je me mets alors à crier, et la voix répète constamment : “Veuillez parler plus fort, je ne vous entends pas“. [...]
[...] Contre les découpages disciplinaires 3. Un défi à la sociologie * Les théories sociologiques qui ne se vérifient pas par un travail de sociologie empirique ne servent à rien. Elles ne méritent même pas le statut de théories avant propos) * Elias, en dépit de ses injonctions réitérées à la neutralité du sociologue, s'est aussi assigné comme but de contribuer à l'avancement de la civilisation : une meilleure connaissance de ce processus autorise une plus grande distanciation et, partant, une capacité accrue de maîtrise des affects, individuels autant que collectifs. [...]
[...] Vers une sociologie appliquée * Elias suggère en conclusion que, puisque le processus de civilisation, tout en étant ni raisonnable ni rationnel n'en est pas pour autant irrationnel il est possible d'intervenir pour l'orienter dans un sens plus adapté aux besoins de l'humanité, de façon à faire en sorte que l'homme trouve l'équilibre durable ou même l'accord parfait entre ses tâches sociales, l'ensemble des exigences de son existence sociale d'une part et ses penchants et besoins personnels de l'autre p. 324). ( Ainsi la connaissance sociologique peut trouver une application pratique dans un projet humaniste, visant à améliorer la structure des interrelations et la coopérations entre les hommes. * La civilisation n'est pas encore achevée. Elle est en train de se faire ! p. [...]
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