D'après une étude de François Dieu, la gendarmerie est une organisation policière atypique à la fois familière et méconnue. A partir de recherches conduites depuis une vingtaine d'années, le livre Sociologie de la gendarmerie propose un certain nombre de données et d'analyses susceptibles d'apporter un éclairage à tous ceux qui s'efforcent de comprendre et d'expliquer les phénomènes gendarmiques (...)
[...] Mais les relations privilégiés ne s'arrêtent pas aux administrations locales ou aux entreprises, car les gendarmes ont besoin du relais, ont besoin d'être en plusieurs lieux en même temps et donc ils font appel à un réseau d'informateurs qui peut être composé par des retraités, curés, médecins, routières, agriculteurs. En général, la brigade aime les relations avec la population, parce que cela lui permet d'être proche de ceux qui ont besoin et de régler leurs problèmes ou, tout simplement, donner un conseil. [...]
[...] Monjardet et Skolnick insistent sur une autonomie du gendarme face à l'environnement. Cela concerne, d'une part les relations entre les élus locaux et les gendarmes et d'autre part leurs liens avec la population. Concernant ces relations on distingue deux plans : 1.d'un coté, il y a ce qu'on appelle la grève du zèle car les gendarmes ont autant de connaissances et de capacités, mais ils ne peuvent pas s'acquitter de toutes les missions qui lui incombent pour éviter un blocage du fonctionnement de la société. [...]
[...] L'examen du quotidien des gendarmes conduit à relativiser la solidarité gendarmique. Le plus souvent on applique la règle chacun chez soi car les gendarmes sont indulgents qu'avec la population de leur territoire et aucun autre intrus n'est pas accepté. En général, le chef local fait confiance à ses subordonnés, parce qu'il s'occupe avec le travail administratif et la rédaction des rapports d'activité et il ne sort pas beaucoup de son bureau. Ne pouvant pas se déplacer sur le terrain, les rapports d'activité ne montrent pas la réalité du travail des gendarmes. [...]
[...] Mais les deux types de commandant de brigade transmettent au sommet de la pyramide hiérarchique une information parcellaire, erronée, même fausse. Finalement, le commandant de brigade est perçu comme un acteur faible dans le système gendarmique. A cause du manque de ressources, les gendarmes sont obligés à assimiler en même temps l'autorité formelle et l'autorité informelle. Et donc, les comptes rendus et les statistiques deviennent le principal vecteur de communication entre les échelons. Dans ce cas on parle des relations avec les secrétariats qui ne sont ni tendues ni conflictuelles. [...]
[...] Que nous indiquent ces extraits d'entretiens sur le système d'action concret des gendarmes ? Que montre l'analyse du fonctionnement concret de la gendarmerie ? Dans les extraits d'entretien on observe que les gendarmes acceptent le fait que l'information transmise aux supérieurs ne montre pas la réalité. D'autre part, ils se sentent obligés de ne pas respecter à la carte les règles de loi à cause des relations qui leur facilitent la procuration des ressources. Le fonctionnement concret de la gendarmerie est déficitaire parce qu'il ne montre pas une image parfaite de la réalité. [...]
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