Le parti pris du livre est d'adopter une approche historique et ethnologique pour étudier l'objet famille. Ceci permet implicitement de lutter contre deux écueils :
- on évite ainsi de développer une théorie en fonction d'une certaine conception de la modernité, souvent invalidée dans les faits ;
- on évite la schizophrénie de la sociologie contemporaine de la famille qui insiste d'un côté sur l'individu et son épanouissement et de l'autre sur le lien familial et la socialisation.
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Selon Augustins (Comment se perpétuer ? Devenir des lignées et destins des patrimoines dans les paysanneries européennes, 1990), on doit en premier lieu distinguer entre l'héritage dont la structure découle d'une règle et le successeur dont le choix se situe du côté de la pratique. Cela étant dit, trois systèmes de dévolution émergent :
- le système à maison : on met en avant la résidence pour organiser tout le système social. Héritier et successeur sont ici confondus, la logique est inégalitaire.
- le système à parentèle : c'est le principe parental horizontal qui domine.
- le système à lignage : c'est le principe parental vertical qui domine.
Mais le problème de cette typologie est de rendre mal compte de la richesse du réel (et aussi d'être peu claire dans la retranscription de Segalen). En réalité, il existe un continuum de situations qui va d'un pôle égalitaire (exemple-type : les familles bretonnes non-propriétaires de leur exploitation et soumises à la mobilité) à un pôle inégalitaire (les familles-souches).
Certains mécanismes ont été mis en valeur pour comprendre la nature du système.
Selon Derouet (« Pratiques successorales et rapport à la terre : les sociétés paysannes d'Ancien Régime », 1989), les propriétaires sont inégalitaires et les locataires sont égalitaires. Un autre regard sur la question porte sur la rareté des sols. Bouchard (« La reproduction familiale en terroirs neufs. Comparaison sur des données québécoises et françaises », 1993) montre que le système égalitaire joue à plein tant que les terres sont abondantes (les années 1840 au Québec) et qu'il diminue à mesure que la saturation des terres s'accroît. Dans d'autres modèles, les plus raffinés, l'argumentation est centrée sur le rapport entre le système de dévolution des biens, la structure du groupe domestique (famille nucléaire ou souche) et le système d'exploitation des ressources. C'est la voie qu'emprunte Viazzo (Upland Communities. Environment, population and social structure in the Alps since the sixteenth century, 1988) dans une étude remettant en cause l'idée d'une unité des sociétés alpines. Il montre que le système égalitaire et la famille nucléaire sont viables conjointement lorsque les troupeaux sont gérés sur une base collective (village de Törbel). Là où l'exploitation est plus individuelle (village de St-Félix), les groupes domestiques sont complexes et étendus pour assurer la répartition des tâches et le système est inégalitaire (...)
[...] Enjeux théoriques - Discuter la taille des groupes domestiques, c'est aborder le problème de la fécondité. - La structure du groupe domestique est révélatrice d'une certaine forme d'organisation réglant la transmission des pratiques et des valeurs culturelles, articulant famille et travail, famille et pouvoir, famille et avoir, et sur l'interaction familiale. C. Enjeux méthodologiques - Tout groupe domestique évolue dans le temps : la typologie annihile la dimension temporelle et nuit à la compréhension. «Tout groupe domestique apparaît ainsi comme un processus (p.39). [...]
[...] Cette modification renforce ainsi les stratégies patrimoniales de l'aristocratie et celles politiques de l'Etat. Quant aux autres couches de la société, elles conçoivent également le mariage comme une stratégie pour lier des parentèles et assurer la reproduction familiale, souvent dans l'entourage géographique et familial proche, et ce bien que le poids du prêtre soit faiblement ressenti avant le XVIème siècle. b. Stratégies patrimoniales des ruraux Dans les sociétés inégalitaires, le mariage préférentiel est celui d'un héritier avec la cadette d'une autre maison, dont la dot permettra à la sœur de l'héritier de sortir elle aussi de la maison. [...]
[...] L'étude de Roussel portait sur un échantillon représentatif de la classe moyenne. Selon Pitrou soutien familial dans la société urbaine 1977), les classes moyennes répartissent fonctionnellement leur réseau de parenté : l'aide des parents de l'épouse prend souvent la forme de services matériels, l'aide des parents du mari est plutôt de nature financière. En réalité, la classe moyenne représente une situation intermédiaire entre deux pôles, ouvrier et aristocratique. Dans le monde ouvrier (Schwartz, Le monde privé des ouvriers, 1990), on assiste à un modèle familialiste. [...]
[...] Il sert ainsi surtout à donner aux femmes l'accès à la plénitude des fonctions féminines. On décrie beaucoup les vieilles filles, tandis que les vieux célibataires sont bien acceptés dans les villages Les mutations du mariage au cours du XIXème siècle : a. Artisans et ouvriers Pour les artisans du village et les ouvriers de la proto-industrie, le mariage n'a plus la fonction d'un établissement par le biais de la transmission des terres et des dots. Cette indépendance relative vis-à-vis de la famille, notamment par le biais du salaire qui provient de la force de travail et non de l'exploitation des terres, fait que les époux se marient plus jeunes. [...]
[...] Enjeux théoriques - L'habitat peut faire l'objet d'une réflexion sur la privatisation des espaces familiaux et sur la répartition spatiale des rôles. Ceci est d'autant plus intéressant que l'habitat est au croisement du public et du privé. - Derrière le logement ouvrier, il ne faut jamais oublier de chercher la figure du philanthrope donneur de conseils sociaux et moraux, du réformateur, du politicien ou de l'architecte. - Le mode d'habité est également révélateur des stratégies familiales, aussi bien dans l'analyse de l'habitat que dans l'analyse des objets qui composent l'intérieur. [...]
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